Flèche – Do Not Return Fire
Krod Records
2019
Rudzik
Flèche – Do Not Return Fire
L’émo est-il passé de mode ? Je n’en sais foutre rien mais ce style de zike présente comme côté très positif celui d’être la majeure partie du temps « Indie », donc, théoriquement hors des sentiers battus des majors, ce qui n’est pas pour me déplaire (quoiqu’il finisse tôt ou tard par être récupéré par le mainstream quand cela marche).
Les Parisiens de Flèche sont bien inscrits dans cette veine-là ainsi que sous l’influence de groupes comme The Get Up Kids ou Green Day mais également, Alice In Chains. C’est qu’ils ne se cantonnent pas à un émo exclusif mais aiment y intégrer des accents grungy. Certes, la recette est souvent celle qui consiste à alterner des couplets mélodiques avec des refrains ultra dynamiques et saturés et ça marche très bien dans Do Not Return Fire dont la pèche est impressionnante. Si je m’arrêtais uniquement sur cette traditionnelle opposition, je n’aurais pas grand chose de plus à en dire. Mais voilà, de nombreux passages montrent que Flèche fait preuve d’une créativité supérieure à ce que l’on perçoit à la première écoute, et ce principalement sur les parties les plus mélodiques car les refrains, eux, sont beaucoup plus conventionnels dans leur caractère punchy. Ces derniers ne cherchent qu’à être entraînants et de ce point de vue, l’objectif de Flèche est atteint.
Prenons le premier titre « Gold And Black » : sa rythmique galopante sur les couplets avec un gros travail de batterie est réellement très élaborée, tout comme son pont ralenti et persistant à 2mn30″. On pourrait continuer avec les arpèges de guitare en background des couplets de « Better And Worse » ou bien avec le pont de « Wait Sit Listen ». D’ailleurs puisque l’album sort en mai, le mois des ponts, parlons-en. Je me suis aperçu que c’est sur ces fameux ponts que le potentiel créatif du groupe s’exprime le mieux et ainsi, donne plus d’originalité et de caractère à cette galette. Ceux-ci durent rarement quelques secondes comme dans le mainstream. Ils sont le plus souvent assez longs, un peu comme si c’était important pour Flèche de ne pas rester enfermé dans un banal carcan couplets/refrain. Par exemple, le pont transforme carrément le final de « A Thousand Crashes ».
Le groupe choisit également d’exprimer principalement son côté grungy sur les couplets comme dans « New Sun » dont le solo de guitare final et parallèle au chant est également une bonne initiative ou bien, je le redis, sur les ponts comme celui de « Pretend Forget » bien soutenu par la basse et les chœurs finaux. Mais c’est « People & Empty Spaces » qui enlève la palme du grunge avec… son refrain à la Soundgarden.
Bon, ça ne marche pas à tous les coups. Des titres comme « Long Before » ou « Weather Boxes » sont plus faibles car donnant l’impression que le groupe se perd un peu en route. C’est souvent le cas sur des albums bien remplis comme Do Not Return Fire qui comporte une douzaine de morceaux.
Voila donc un groupe qui nous livre un album d’émo créatif comme on n’en trouve (trouvait) finalement assez peu. Il offre une palette de teintes musicales plus riche qu’une banale alternance entre couplets mélodiques et refrains accrocheurs. C’est peut-être la recette qui les fera monter en Flèche sans que celle-ci ne retombe aussi vite qu’elle est montée, faute d’inspiration et d’originalité.