Festival de Saint-Denis : Faada Freddy illumine la Basilique !
Faada Freddy en concert : « Gospel Journey » à la Basilique de Saint-Denis, le vendredi 12 juin 2015 à 20h30
Un ange est tombé du ciel ce vendredi 12 juin 2015, directement au cœur de la Basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France. C’est ici, dans ce cadre grandiose chargé d’Histoire, et à l’occasion du festival « Métis » de la ville et communes limitrophes, que le magnétique et lumineux Faada Freddy est venu présenter la déclinaison live de son premier album intitulé « Gospel Journey ». Autant vous le dire d’emblée : jamais ce joyaux architectural né de l’époque médiévale n’aura connu une telle ambiance festive et énergisante depuis la pose de sa dernière pierre, il y a de cela bien des siècles ! Faada Freddy et ses cinq acolytes y ont mis le feu, pour le plus grand bonheur d’un public multi-générationnel réuni à cette occasion, aussi inaccoutumée que mémorable. Et bonne nouvelle, le concert est annoncé « sold-out » dans une cathédrale remplie à ras bord, avec des gens placés dans les moindres recoins.
Mais qui est Faada Freddy me direz-vous ? De son vrai nom Abdou Fatha Seck, cet élégant quarantenaire qui ne fait pas son âge est originaire du Sénégal (de langue natale wolof). L’homme a grandi et évolué à Dakar, au son des musiques qu’écoutaient ses parents, à savoir le jazz de Billie Holiday, de Nina Simone et de Marcus Miller, ou encore les chants religieux des sérères du Sine-Saloum, magnifique région naturelle située au sud du pays. Pourtant, rien ne prédestinait Faada Freddy à une carrière artistique : son père, un professeur au tempérament sévère, le poussait davantage à se lancer dans des études d’expert-comptable. Bref, on l’a échappé belle !
Si ce merveilleux musicien initialement formé à la soul et au jazz n’est pas encore très connu du grand public (mais rassurez vous, cela ne va plus tarder !), il n’est pourtant pas né de la dernière pluie. En effet, Faada Freddy a déjà traîné ses guêtres avec des pointures du genre Mos Def (rappeur, acteur et producteur noir américain), le chanteur britpop Damon Albarn, Bernard Lavilliers, les Rita Mitsouko, et même un certain… Peter Gabriel ! Notre homme possède donc du métier, et cela s’entend (et se voit !) dès qu’il fait son apparition sur la scène – plus magnétique tu meurs – avec son fameux costume cintré, ses longs cheveux tressés, et son inamovible chapeau Melon.
Son style ? Un gospel entièrement revisité et modernisé, avec comme seuls instruments les voix (du chant raffiné aux sifflements et claquements de bouche à l’africaine, en passant par un « human beat-box » au rare feeling) et les percussions corporelles, souvent impressionnantes de versatilité et de puissance. Le tout est servi par un ensemble à la fois magique et virtuose de six performers complices (cinq hommes, une femme), chacun y allant de sa propre texture et spécificité, jusqu’à la production de sonorités les plus surréalistes (on a parfois l’impression d’entendre du Art Of Noise débridé !). Autant vous dire que tout est ici parfaitement en place et que mazette, ça sonne !
Au cours de cette soirée du 12 juin dans la grande cathédrale, Faada Freddy et sa bande ont offert au public, conquis dès les premières mesures du superbe « Truth » (une reprise d’Alex Ebert du groupe rock US Ima Robot), un spectacle d’une rare maîtrise et générosité, allant crescendo jusqu’à un climax « soul-funk technoïde » de pure folie, et où le spectateur émerveillé passe de surprise en surprise. Les premiers titres joués privilégient l’émotion et l’ambiance « spirituelle » (j’en ai encore les larmes aux yeux !), avec un Faada Freddy qui hypnotise d’emblée tout l’auditoire, de par son aura quasi mystique, son talent hors norme, et surtout l’immense bienveillance qui transpire de ce personnage au sourire omniprésent et communicatif.
La scène est grande (laissant toute la place au maître de cérémonie pour s’exprimer sur un long plancher parfois bien « maltraité » pour appuyer le rythme !), dépouillée d’artifices, et où seule compte la musique générée par ce collectif aussi fascinant à écouter qu’à regarder. Le public est lui aussi mis à contribution – et pas qu’une fois – pour pousser des vocalises (comme sur le superbe « Lost » à la pulsation reggae), ce qui contribue pour le coup à créer une sensation de communion authentique entre le groupe et ses « fidèles » de l’instant, à travers des moments d’énergie collective qui la plupart du temps vous refilent la chair de poule. Là encore, Faada Freddy sait y faire, et il nous emmène sans son monde avec une aisance digne des plus grandes figures du monde musical.
Le répertoire est riche, groovy et coloré à souhait, et à travers lui transpire l’ouverture d’esprit de son géniteur (au fil de ses sets, on peut en effet croiser des reprises de Nirvana, voire de standards punk « gospelisés » tel que « Generation Lost » des Rise Against !). Impossible aussi de ne pas ressentir l’influence des Stevie Wonder, Michael Jackson ou Bob Marley dans la tessiture vocale hyper-extensible de Faada Freddy, qui passe aisément d’un chant doux et aérien à un ton plus rocailleux, voire carrément lyrique, en fonction des besoins de chaque morceaux. A noter justement parmi les perles qui s’enchaînent au fil de la soirée, une très belle reprise entièrement remodelée de l’éternel « No Woman No Cry ».
Enfin, si les spectateurs chauds bouillants ont pu se contenir jusqu’à la moitié du set en se dandinant néanmoins compulsivement sur leur siège, ils n’ont pas pu résister à l’appel de Faada Freddy de tous se lever, pour finir le concert ensemble debout, dans la danse (pour ne pas dire la transe !), les clameurs et les clappements de mains, au son des tubes funky et R&B que sont « We Sing In Time », « Slow Down » (et son intro proche du chant de gorge de Mongolie) ou encore le galvanisant « Letter To The Lord », rejoué à l’occasion d’un ultime rappel. Je vous le dis, de mémoire de roi de France, on n’avait jamais vu ça dans la Basilique de Saint-Denis ! Seul écueil au final, un son bien mixé mais forcément trop réverbéré, architecture des lieux oblige. Le plaisir restera néanmoins intact jusqu’au bout.
Surtout, ne ratez pas le « Gospel Journey Tour », qui passera entre autres par l’Olympia de Paris le 5 octobre prochain. Que vous soyez ou non familier du divin sénégalais et de sa recette à nulle autre pareil, vous ne le regretterez pas ! Et emmenez-y donc vos enfants et vos grands-parents, chacun y trouvera largement son compte, et se verra regonflé à bloc comme jamais. « J’appartiens à la Terre, alors je vais partout ». Message reçu 5/5 l’artiste ! L’un des plus beaux concerts de ma vie ? Oui, incontestablement oui.
Philippe Vallin
https://www.facebook.com/FaadaFreddyMusic
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Superbe prestation comme chaque fois que je vous écoute, je partage au Québec au plus grand nombre de personne car j’ai bien hâte de vous voir ici.
Continuez à bientôt
Je crois que vous avez déjà mes coordonnées.
Marcelle Tremblay