Death Engine – Mud
Death Engine
Throatruiner Records
Il n’est pas franchement nécessaire d’écrire un pavé, abusant de la fonction synonyme d’Open Office au risque que le dit papier ressemble à une traduction foireuse de « Games Of Thrones ». Parfois, comme le disait mon prof de philo il y a quinze ans, « sujet/verbe/complément, ça suffit mon p’tit gars ». Aussi, quand je me remets le premier long des Lorientais Death Engine (après un furieux EP nommé « Amen »), je n’ai pas trop envie de m’appesantir dessus. Et ce n’est pas parce que mon côté feignasse désœuvrée prend le dessus. C’est juste que le dit « Mud » est aussi efficace qu’un encornage en plein salon de l’agriculture. Un objet hybride, entre hardcore, noise et metal, comme le breton label Throatruiner nous abreuve depuis cinq ans. Aussi je pense qu’un Big Up à la boîte s’impose. De rien, c’est gratuit. Une basse massive (bonus point), un batteur qui se prend de temps à autre pour Jason Roeder de Neurosis (bonus point personnel), cette voix qui s’égosille de toute sa hargne et de sa détresse jusqu’à saturation (bonus point), cette lourdeur (bonus), ces accélérations abruptes (bonus), ce point de non-retour mi-dépassé, mi-évité (combo). Ici, on navigue sur la frontière, l’extrême limite de la tension.
Ce n’est pas que d’agir au lieu de baisser les bras, ce n’est pas que hurler sa haine d’une humanité perdue car, finalement, c’est assez commun par les temps qui courent. C’est juste sincère, court, imposant, violent et hypnotique à s’en révulser les yeux. « Mud » est tel l’éclair qui déchire le ciel, acharné et glacial (merde, ça y est, voilà que je me mets à faire du George R.R Martin. Au secours !). Ou plutôt, en reprenant les ingrédients que l’on connaît, en les assemblant comme on pourrait s’y attendre, en les malaxant et en te les renvoyant dans la gueule comme il est d’usage, il propose, en cherchant bien, autre chose.
Un terrain connu mais qui nécessite une traversée vierge. Une voie, d’une part, qui se laisse immerger dans la violence la plus brute et sèche à te ramollir les omoplates et, d’autre part, un chemin plus sinueux et mélodique, un post-rock de l’instant (tel un Mogwai qui s’énerve ou un God Is An Astronaut qui crame son ampli), où la rage initiale transporte dans un état de transe qui donne l’envie de défoncer les murs et de filer tel le Transperceneige face à un hiver carnassier.
Un équilibre toujours fragile, toujours tendu, qui se laisse bouffer de temps à autre, histoire de donner le tournis à une petite tête blasée. Le frisson, du point A au point B. Non, je n’ai rien à ajouter.
Jéré Mignon
https://deathenginesound.bandcamp.com/
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