DaSilva – Au Revoir Chagrin
At(h)ome
2019
Christophe Gigon
DaSilva – Au Revoir Chagrin
Quand on pense aux artistes francophones qui opèrent dans la légitimité d’une certaine discrétion médiatique, on évoquera le regretté Daniel Darc, Dominique Dalcan ou Dominique A. A la suite des « D » s’ajoutera Da Silva, qui n’est pas un novice puisqu’Au Revoir Chagrin s’avère être son septième album. Le quadragénaire d’origine portugaise s’offre même le luxe de posséder un timbre de voix très proche d’un autre francophone de renom : l’élégant Stephan Eicher. Dix pépites pop bien polies qui prouvent que qualité peut parfois rimer avec (fausse) simplicité. Le clip du premier single « Loin » propose ainsi une vision enfantine et très poétique de ce qui aujourd’hui ressemble à une chanson française sans prétention, faussement naïve et loin des excès de gens pourtant adorables comme Philippe Katerine ou le belge Arno. Il faut signaler que plusieurs titres de cet album ont été mis en image et forment autant de petites vignettes sympathiques et envoûtantes.
Il n’y a pas de fil conducteur sur ce disque printanier qui sort pourtant en automne. Il y a de la bossa nova (« Loin »), de la folk music « à la Cabrel » (« Au Revoir Chagrin »), du reggae (« Le Garçon », « Légère »), du slam arabisant (« A l’Endroit De La Douleur »), de la chanson populaire (« Rien ») et le voyage se termine par le très mélodique et orchestral « Ana Rose », qui doit beaucoup à « Madame Rêve » de l’insurpassable Bashung. Ce qui est fort n’est pas la multiplicité des styles exploités mais plutôt l’unicité limpide de l’ensemble. Au Revoir Chagrin reste un bel album et non une simple collection de chansons acoquinées un peu par hasard ou par volonté de boucler un devoir. Cette galette offre vraiment un billet de tram pour le bonheur, quotidien et pas si lointain, qui se cache dans la grisaille de nos automnes.
Françoise Sagan écrivait Bonjour Tristesse. Da Silva répond : « Au Revoir Chagrin ». S’il fallait vraiment mesurer Da Silva aux maîtres qui l’ont probablement inspiré (Jean-Louis Murat, Tom Waits ou Alain Bashung), on pourrait discuter de la qualité des textes, toujours maintenue, mais parfois un peu convenue, à l’inverse des bouleversements qu’ont fait vivre à la langue les poètes cités entre parenthèses. Un bon disque qui remplacera avantageusement les petites boîtes de vitamine C que le quidam court acheter afin d’aborder les frimas de l’hiver à venir. L’hiver vient, au revoir chagrin, bienvenue à une chanson française décomplexée et animée. Comme un dessin d’enfant.
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