Clive Nolan – Alchemy
Clive Nolan
Metal Mind Records
« Elève ne faisant malheureusement preuve d’aucune forme d’aptitude ou d’intérêt en ce qui concerne la musique. Il est réellement regrettable de la voir passer ainsi à côté d’une matière qui procure tant de satisfaction à ses petits camarades« . Ce jugement péremptoire figure en bonne place sur le premier bulletin scolaire d’un certain… Clive Nolan ! Le syndrome « Guy Degrenne » a une nouvelle fois frappé puisque le « baron », ainsi que le surnomment ses admirateurs, s’impose aujourd’hui comme une figure incontournable de la scène néo-progressive britannique. A l’origine, on l’avait découvert à travers sa participation à Pendragon en sa qualité d’interprète. Depuis, il a multiplié les casquettes : auteur, compositeur et interprète (Shadowland, Tracy Hitchings solo, Nolan & Wakeman) et instigateur de projets musicaux fort en vue (Strangers On A Train, Casino, Caamora). La dernière œuvre à ce jour du père Nolan est un double CD conceptuel intitulé « Alchemy ». L’alchimie est une pseudo science ancienne ayant trait essentiellement à la transmutation des métaux vils en or et en argent, avec la découverte d’un remède efficace unique pour toutes les maladies, avec un moyen de prolonger indéfiniment la vie.
« Alchemy » est un conte qui plonge profondément dans les mystères de l’humanité : l’histoire de la science sombre et du surnaturel Il s’agit d’un récit d’aventures à l’époque Victorienne, de passion, de trahison et de vengeance. C’est la course pour le prix ultime : transformer le plomb en or, en changeant la mort en vie ou transformer la haine en amour. Le professeur Samuel King (joué par Clive) se lance dans une quête éperdue pour trouver les objets cachés laissés par un alchimiste (interprété par Chris Willis). Au début, il est aidé et plus tard trahi par Lord Jagman (Andy Sears) qui croyait que le professeur King était mort (vu qu’il l’avait tué au début du spectacle). La suite est à l’avenant, ésotérique à souhait. Entouré par un casting vocal de rêve (Anieska Swith, Paul Manzi, Paul Menel, Tracy Hitchings, etc…) et par des musiciens de qualité (Marc Westwood à la guitare, Scott Highman à la batterie, Kyan Amos à la basse, Ian Stutt au cor anglais et Penna Gee au violon), Clive Nolan nous offre un opéra rock qui ne prendra toute sa dimension qu’au contact de la scène.
Les influences musicales de tout cela sont, deux heures durant, à chercher du côté des maîtres du classique depuis Beethoven et Bernstein jusqu’à Bach et Haendel en passant par Purcell. On peut y ajouter une pointe de folk et un zeste de progressif. Il convient toutefois d’exprimer une certaine réserve. Si l’idée de base est intéressante, si le concept est des plus ambitieux, si les prestigieux intervenants se mettent à son service avec talent, l’architecture d’ensemble et sa conception achoppent par certaines longueurs et la linéarité de certaines structures. A plusieurs reprises, on s’attend à ce que la musique décolle, toute la structure nous y prépare psychologiquement et l’on reste frustré par la manque de contraste et d’intensité.
L’œuvre demandait peut-être encore une maturation et il est à envisager qu’une relative concision lui aurait sans doute permis de gagner en intensité dramatique et de passer ainsi du statut d’opus agréable à celui d’album phare. A vous de voir…
Bertrand Pourcheron (7/10)
http://www.clivenolan.net/
http://www.alchemythemusical.com/