Angel – 26000
Angel
Mego
Quand on voit une pochette comme ça, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Pourtant, ce type d’album mes agneaux, ce n’est que du bonheur. Une jouissance électronique qui réunit du beau monde sur une galette. Pour les curieux, sachez que Angel c’est Ilpo Väisänen, seconde moitié de Pan Sonic et Dirk Dresselhaus de Schneider TM. Mais en plus, le duo a invité des noms prestigieux de la musique électronique expérimentale. La violoncelliste Hildur Gudnadottir, le guitariste « j’aime-bien-tripatouiller » Oren Ambarchi et, enfin, BJ Nilsen, un maître de l’ambient contemporaine. Le résultat de cette réunion, c’est que l’ensemble du disque part dans plein de directions semblant contraires, tout en restant cohérent dans sa structure. Je m’explique.
On commence avec « Before The Rush », déjà en soi un monument. Un pur moment de tension sur le fil du rasoir, pas entièrement dans la noise, mais un pied bien implanté dedans (on remerciera l’implication de BJ Nilsen et de ses field recordings manipulés à outrance). Presque 15 minutes de retenue mouvementée et d’agression subtile, comme si on se confrontait à une tornade immobile. On lorgne ensuite du côté de la musique concrète avec percussions très Einstürzende Neubauten dans l’esprit. Plus sombre est le voyage par la suite, notamment grâce aux manipulations guitaristiques de Ambarchi. Surprenant et aventureux. On continue avec tintements d’objets métalliques pour un paysage toujours aussi labyrinthique préparant l’acte final. Et quel acte final ! Un drone d’un bon quart d’heure, massif, chthonien (la patte Gudnadottir est sensible). Ca prend aux tripes, ça perturbe nos sensations… La vision se brouille dans des apparitions de couleurs et autres formes en mouvements constants. Hypnotisé, on se laisse doucement guidé vers la dernière seconde du disque tel un rêve éveillé. Et que c’est bon !
« 26000 » c’est un album magique qui, s’il ne donnera que des indices éparpillés à sa première écoute, devient bien assez vite une pièce de ressenti total. Je sais que cela peut paraître bien facile (un peu de drone, un peu de concret, un concept nébuleux et tout le monde est content), mais là… Un album, certes compliqué à appréhender, mais qui livre une charge électromagnétique innovante et tactile qui, finalement, se débarrasse des questions superflues.
Jérémy Urbain (9/10)
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