Anathema – Weather Systems
Anathema
Snapper Music
Ecouter un album d’Anathema est toujours une expérience intense. Depuis l’abandon du doom et du metal de leur début, le groupe s’est tourné vers une musique aérienne, atmosphérique, mélancolique, voire dépressive par moment, même si elle garde également des rythmes complexes et dynamiques! L’impact a été immédiat, la plupart des albums sortis depuis « Judgement » ont été qualifié de chefs d’œuvre, à un moment ou à un autre, à tort ou à raison. Force est de constater que le groupe inspire un immense respect, respect qui a incité Steven Wilson lui-même, encore lui, à les produire. Les frères Cavanagh accouchent encore ici d’un immense album, condensé de toutes les possibilités émotionnelles d’Anathema. Déjà, avec le précédent et énorme « We’re Here Because We’re Here », l’intensité de leurs compositions claquait les joues, donnait du rouge fiévreux à nos vies, transcendaient les émotions et les transformaient en œuvre musicale d’une beauté fascinante, au souffle épique fracassant. « Weather Systems » est un peu la suite de cet album, mais le groupe délaisse plutôt son côté tourmenté pour se tourner vers l’optimisme, à coup de guitare acoustique imparable, de cordes virevoltantes, d’harmonies vocales superposées, comme si chaque morceau était le dernier. On en ressort halluciné, vidé, transporté.
L’opus commence par un diptyque, love song magnifique, « Untouchable » annonce la couleur : Anathema regarde vers le haut, on regarde les nuages, le ciel, bleu ou gris, on contemple les tempêtes, les cycles, la vie et la mort. Les morceaux s’enchainent et leur construction font un peu penser à Sigur Ros, les instruments montent crescendo et se déchainent pour revenir au calme. Une formule toujours efficace, et maitrisée, notamment sur « Lightning Song », avec la magnifique voix de Lee Douglas, présente sur tout le disque. Autre gros morceau de l’album, le titre « The Storm Before The Calm », écrit par le batteur John Douglas : il présente dans sa première partie orageuse une atmosphère très sombre et lourde amenée par un mélange de sons triturés et de basse grondante avant d’aller dans sa deuxième partie vers le beau temps, orchestral et aérien, laissant passer les rayons réparateurs du soleil. Notons aussi « The Lost Child » qui fait un retour à la mélancolie et à la tristesse, plus typique des précédents albums, et « Internal Landscapes » qui aborde le sujet d’une expérience de mort imminente, au travers d’un monologue de Joe Geraci, datant de 1981, et qui relate ce qu’il a vu alors qu’il était déclaré mort. Point de lamentations ici, puisque le message est plutôt clair : ce qui nous attend après la mort n’est qu’amour. Anathema part alors sur un morceau lumineux, fabuleux, qui conclût l’album d’une bien belle manière. Cette beauté mystérieuse et fascinante qu’a atteint le groupe aujourd’hui témoigne d’une sagesse et d’une profondeur universelles.
Vivre, vibrer, aimer, chuter, se relever, vivre encore, contempler, rêver, espérer, jusqu’au bout. Anathema est tout cela à la fois, nous avons tous en nous la musique d’Anathema.
Fred Natuzzi (9/10)
Un des albums les plus transportants que j’ai jamais écouté. Il s’apprécie de la première à la dernière seconde… a écouter d’une seule traite.