A.C.T – Eternal Winter
ACTWORLD
2025
Palabras De Oro
A.C.T – Eternal Winter
Enfin, mon groupe fétiche revient m’injecter sa dose de prog joyeux, mélodique et d’une technicité folle. A.C.T avait commencé, avec Rebirth en 2019, puis Heatwave en 2021 et enfin Falling en 2023, un périple allégorique à travers les quatre saisons. Celui-ci se termine en plein été avec le très attendu Eternal Winter. Sans doute est-ce pour atténuer la canicule persistante ? Je devrais peut-être laisser à un autre membre de l’équipe de C&O le soin de chroniquer ce joyeux quintet suédois, car à force, je me demande si je ne suis pas tellement devenu fan d’eux que j’en perdrais presque mon objectivité légendaire (« Légendaire » ? Je pourrais presque animer le reality show Drag Race moi !) Oh, et puis non ! Pourquoi bouderais-je mon émerveillement infiniment renouvelé à l’écoute de chaque nouvelle sortie d’A.C.T, le seul groupe dont j’ai pratiquement toute la discographie.
Certes, je suis passé un peu à côté de Falling, ayant d’autres chats à fouetter à cette période-là (que la SPA et A.C.T me pardonnent !) Mais le vigilant argus que je suis guettait avec avidité la sortie de Eternal Winter. Alors en voici mes impressions et sentiments les plus sincères. En effet, sincérité et fidélité vont souvent de pair donc, en définitive, mon choix de m’arroger la presque exclusivité des chroniques d’A.C.T à C&O se retrouve totalement justifié (et hop, le chat retombe toujours sur ses pattes… fouetté ou non).
C’est donc à huit titres que nous convie le groupe, mais pour seulement trente trois minutes de musique. Seul « Home » dépasse la fatidique barrière épique des quatre minutes, celle qui permet de passer du pop au prog. Contrairement aux trois EP qui l’ont précédé (et même toute la discographie d’A.C.T), Eternal Winter est moins enlevé qu’habituellement. On ressent moins ce tourbillon frénétique musical qui emporte tout sur son passage, la faute à des rythmes plus posés. Cet EP apparaît plus alternatif avec un côté martial binaire régulièrement affirmé dans lequel s’insèrent des parties pop comme sur « A New Beginning » ou AOR dans « Waiting For The Sun ». Cela m’a un peu déstabilisé, car « The Family » semblait avoir lancé l’EP de façon pétillante et 80’s, surtout lors d’une partie instrumentale endiablée, donc en territoire connu de ces fantasques Suédois. On notera un pont de piano astucieux de Jerry Sahlin pour donner le change, l’espace d’un instant. Pourtant, le ton parfois grave de Herman Saming, assisté par la « guest » Linnea Olnert, tempérait déjà cette traditionnelle ode à la joie. D’ailleurs, c’est plus sa délicatesse sur la formidable ballade « When Snow Was White », qu’il entame presque « a capella », qui force l’admiration. En seulement l’espace de trois minutes, ce titre enfle et évolue vers une ballade martiale à deux temps qui se renforce sous l’impulsion d’un foisonnement de chœurs réellement impressionnants pour soutenir un frontman en état de grâce. « This Special Day », pétillant sur les couplets et plus lourdingue sur le reste, illustre parfaitement le caractère alternatif des compositions de Eternal Winter alors que « Signs » est d’une noirceur insondable (« I am tired and broken, I live in fear I wander and wait for the fog to clear » ). La guitare d’Ola Andersson fond littéralement en larmes à l’image de notre monde plongé dans la tourmente. Effectivement, comme écrit plus haut, les sept minutes de « Home » laissaient présager d’un titre plus ambitieux que les précédents. On n’est pas déçu. Sur la base de la section rythmique assurée par « Peter Asp » (basse) et Thomas Lejon (batterie) solide comme un rock, le morceau étire une tristesse infinie renforcée par le chant aux accents faussement positifs de Herman sur le refrain. Il m’a toujours impressionné par cette capacité à teindre de mélancolie ce ton joyeux, naturel et inné quand il souhaite générer de l’émotion chez l’auditeur. La partie instrumentale de « Home » renvoie aux grandes heures d’A.C.T avec un groupe au sommet de son art. Quelle fantastique harmonie entre les claviers de Jerry tour à tour torturés ou galopants et les riffs de guitare monstrueux d’Ola, alors que la batterie de Thomas breake à tout va en compagnie de la basse saccadée de Peter. Ce retour à la maison est assurément l’un des meilleurs titres épiques que le quintet scandinave a jamais livrés. « The Big Parade » conclut l’EP par un clin d’œil style « Années Folles » qui est cher au groupe.
Certains pourront dire que je me répéte. A.C.T, que je connais presque par cœur, parvient encore à me surprendre avec cet Eternal Winter pour lequel il a sorti la panoplie de la mélancolie, au risque de mettre de côté cette folie insouciante qui l’a toujours caractérisé (si l’on excepte Heatwave qui était très sombre aussi). Je considère toujours ceci comme étant un tour de force pour un groupe qui a une telle identité joyeuse. Parvenir à générer des ambiances aussi contrastées sans sacrifier son ADN n’est vraiment pas donné au premier band de prog venu. A.C.T livre une musique qui a une âme à une époque où la roue libre est (la petite) reine dans toute la production mainstream et même celle progressive. Un sacré tour (de France) de force. Ils doivent être félicités pour ça.
https://www.facebook.com/acttheband