Goblin – Four Of A Kind

Four Of A Kind
Goblin
2015
Autoproduction

Goblin Four Of A Kind

Goblin est un mythe. La formation italienne s’est fait connaître en composant les musiques de films marginaux cultes des réalisateurs non moins mythiques Dario Argento et George A. Romero. Leur musique, depuis toujours, doit beaucoup aux premières productions de King Crimson, Pink Floyd et Genesis. C’est donc bien de rock progressif qu’il s’agit. L’âge d’or du cinéma d’horreur transalpin ou du film policier dérangeant (les fameux Giallo) des années soixante-dix ou quatre-vingt pouvait jadis compter sur une bande-son de qualité. On ne saurait en dire autant de nos jours.

Ce qui forme la force des compositions instrumentales du monstre progressif reste sa puissance évocatrice inénarrable. Cette musique, pleine et puissante, se suffit. À l’instar du classique Tubular Bells de Mike Oldfield (dont les premières mesures apparaissent dans le célèbre « Exorciste » de William Friedkin), nul besoin de voir les images pour percevoir les frissons (de plaisir !) parcourir votre échine, qui s’échinera pourtant à vous faire suer. La discographie pléthorique de la bête ne contient jamais de gras. Que de l’os qui vous donnera froid dans le dos ; du stress qui, paradoxalement, sait toujours mener l’auditeur vers des contrées oniriques et attirantes. À l’instar des écrits de Lovecraft, les plages musicales de Goblin savent manier avec perversion ce mélange répulsion/excitation qui forme l’attraction inexorable que subira l’auditeur-victime. En fait, on se découvre presque honteux de ressentir tant de plaisir à l’écoute de ces compositions idéalement conçues pour accompagner des scènes de délires psychotiques, rêves inavouables ou autres violences domestiques.

Goblin-band

Ce 145 638ième album du Méphistophélès sonore (qui peut être fier de son âge canonique : quarante-deux ans cette année !), Four Of A Kind,  ne déroge pas à la règle. Parfait de bout en bout, magnifique et glaçant, élégant et menaçant, ce chef-d’œuvre comblera les amateurs de rock progressif classique tout en convainquant les fondus de bandes originales tordues (Michael Nyman et « Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant », Jack Nitzsche avec « Vol au-dessus d’un nid de coucous » ou encore, pour la bonne bouche, Krzysztof Komeda pour l’indétrônable « Rosemary’s Baby »). Relevons encore que cette galette autoproduite ne sert pas de bande musicale à une production cinématographique. Il s’agit, cette fois, d’une création autonome. Qui pourrait constituer la bande-son idéale de vos soirées de Noël dans votre belle-famille. D’autant plus si le petit neveu psychotique se cache dans la pièce du dessus, celle qui contient sa collection de poupées décapitées (ou alors sa collection de disques de Boney M. ensanglantés).

Notons, avant de se quitter, que la Reine Mère s’est scindée en deux entités maléfiques : Goblin et Goblin Rebirth dont l’album éponyme, sorti cette année, émerveillera également tous les enfants qui n’ont pas été sages. Deux LP tranchants et touchants, deux créations audacieuses et malicieuses. À consommer sans modération afin d’acidifier quelque peu les dégoulinantes ambiances de la Nativité qui glissent vers nous sur des traîneaux ailés. La magie de Noël semble bien menacée, et ce, pour notre plus grand délice.

Christophe Gigon

Coup de Coeur C&Osmall

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