Mono & The Ocean – Transcendental
Mono & The Ocean
Pelagic Records
Prenons ce livre. Touchons sa reliure et le frappé de son cuir. Maintenant, ouvrons-le et entrons dans son univers. Ceci est un conte à deux voix. La première est celle de Mono, les Japonais du post-rock. On commence le voyage dans l’obscurité et/ou le vide puis viennent les premières notes comme autant de cellules s’agglutinant au fond d’une flaque d’eau. Puis, de cet étang vient la lagune, le courant menant à la rivière jusqu’au fleuve. Lente errance où les formes s’accumulent, prennent en consistance, devenant matière et, d’un coup, quelque-chose bat. Une pulsation lente mais continue, celui de la vie. Une (re)naissance le long d’un détroit onduleux juché de pierres coupantes et d’herbes squameuses. La naissance, elle, est forcément belle, stoppant l’afflux nerveux pour se laisser à la contemplation du monde qui se découvre. Les yeux grands ouverts, une main pataude qui se laisse toucher par le vol d’un papillon.
The Ocean prend la suite du récit. Peut-être que la transition se montre plus âpre. Elle ne l’est pas au premier coup d’œil, mais elle s’en montre d’autant plus intransigeante. Après la naissance et l’enfance, vient la maturité, la mélancolie d’une vie ratée. Ceci est l’histoire d’un homme qui se détruit. La drogue, son addiction, son commerce libéral, son insatiabilité. Celui qui est né a déjà oublié d’où il venait. Il a oublié le coquillage qui l’a ouvert à l’humanité. Il a grandi et s’est perdu. Croit-il entendre le violoncelle lointain qui l’a accompagné sur ses premiers pas ? Vague sensation d’un papillon sur les doigts. Déjà perdu dans les effluves de crack détruisant le restant de cellules cognitives, il n’est déjà plus là. Il rêve d’être au milieu de bateaux voguant au travers des océans aux allures de plantes arborescentes.
Mais, c’est déjà trop tard, c’est sa propre mort qu’il parcoure le long du fleuve du Styx emmitouflé dans son cercueil aux allures de barque, deux pièces de cuivre sur les yeux.
Jéré Mignon
http://theoceancollective.com/pelagial