Mars Red Sky – Apex III

Apex III : Praise For The Burning Soul
Mars Red Sky
2016
Listenable Records

Mars Red Sky-Apex III

Face à mon écran, je ne me rendis pas compte qu’une cendre de ma cigarette c’était détachée. Était-ce dû à un soupir de ma part ou à un mouvement d’épaule, je n’en sais rien, mais mon regard un tantinet brumeux tomba sur un de ces filaments filiformes de papier qui flottait juste devant mon nez. De là, mes yeux se focalisèrent sur cet élément aussi minuscule que perturbateur. Ils percevaient, étonnamment bien, les détails de ce papier brûlé ainsi que ce mouvement lent et suspendu de courbe glissant vers le sol. Cette précision soudaine et éphémère avant que ce papier à moitié cramé ne termine sa descente sur mon clavier fut un de ces rares moments de suspension. Temps suspendu, profondeur de champ destituée, la dimension des choses se revêt d’un angle quasi-stellaire et spirituel. Comme si, adossé à la vitre d’un vaisseau spatial conçu par Mœbius, nos yeux de terriens distinguaient une étoile ou une planète naine. Encore une frontière.

Mars Red Sky-band

De ce bref instant, l’illustration du nouvel et troisième album de Mars Red Sky se profile. Déjà, quand on se nomme ainsi, les probabilités qu’il soit question d’espace sont agréablement positives. Et les Bordelais de s’échapper de l’attraction terrestre en même temps que de mettre à mal une étiquette stoner collée par la force des choses au groupe. C’est qu’on aime bien les petites cases, voyez, les compartiments bien rangés sans pet et poussière, c’est plus clair. Maintenant, derrière les double-rideaux de la pochette se cachent des étendues infinis, tactiles ou évanescentes, lourdeur et légèreté dans un satellite en orbite. On prend la pesanteur d’une batterie aux rythmiques massives, du genre à faire sentir sable et caillasse sous les pieds en y superposant l’agilité d’une guitare fuzzée aux distorsions constantes mais mélodiques et langoureuses laissant entrevoir la colorimétrie d’un ciel qui n’a plus rien de terrien. Derrière ce décor de théâtre, la pointe d’un imaginaire porté par la voix d’ange d’un Julien Pras stratosphérique qui invite au rêve.

Rien qu’un instant, une vie possible sur une planche dessinée de Mœbius ou de Paul Lehr, un terreau pourpre et sans nuage de condensation. Peut-être que le fantôme de David Bowie nous dit encore, rien qu’un instant, qu’une vie est possible, sur Mars.

Jéré Mignon

http://www.marsredsky.net

https://marsredsky.bandcamp.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.