Gorilla Pulp – Peyote Queen

Peyote Queen
Gorilla Pulp
2016
Retro Vox Records

Gorilla Pulp-Peyote Queen

« Oh non, tu rigoles, pas encore du stoner… ». Bah oui, du stoner, et pas qu’un peu. Que veux-tu l’ami, j’aime ça la crasse, j’aime ça quand les transistors sont sur le point de rupture et que toutes les petites soudures qui assurent les contacts dans un ampli à lampes sont sur le point de lâcher. J’aime le son des ampli Orange, les vieux sons de guitares crades, quasi-low-fi mais qui ont assez la pêche pour t’en bourrer les oreilles d’un tympan à l’autre. Et le stoner, ben il fait tout ça. Un peu comme le grunge et le punk garage de bon aloi, un peu comme le hard rock de bar américain, un peu comme toute la musique des indésirables moineaux de la scène rock underground.

On t’a parlé, mon collègue Jéré Mignon et moi de ce stoner qui nous fait vibrer. Pour moi, c’est Planet Of Zeus, Greenleaf (que mon gentil Jéré m’a fait connaître via C&O), c’est Novadriver, Pyton, Arenna (avec deux « n »), Amon Ra, Cabeza De Caballo, Torche, Hungry Brains, Orange Goblin, The Sword et le bon vieux Black Sabbath du temps d’Ozzy Osbourne (bon, je sais, Black Sabbath est à mi-chemin entre stoner et classic rock, mais n’empêche, puisque j’aime les deux genres). Il y a aussi quelques nouveaux venus sur la scène « rauque ‘n roll » tels que Solar Deity, Bone Man, Wildlights, Indian Handcrafts, Native Daughters, Youngblood Supercult (un bijou!), The Spacelords, Alien Ken (dont je vous parlerai dans une chronique ultérieure), Shroud Eater, Caravan Of Whores, Black Wizard, Burn The Sun, Soundcrawler et, finalement, Gorilla Pulp.

Gorilla Pulp-band

Ouf, tu es exténué, l’ami, et je le comprends bien, car ma liste est longue… Mais bon, il se fait beaucoup de stoner, mais il ne se fait pas que du bon. Et j’ai fait mon tri. Je ne dis pas que ce qui n’est pas dans ce petit répertoire est bon à jeter, minute ! Je dis seulement que les formations susmentionnées sont mes préférées. J’en ignore sûrement un paquet alors que je consacre davantage mon temps libre à parcourir le web à la recherche de death, de djent et de progressif. En fait, pour être totalement honnête avec toi, je tombe le plus souvent sur un bon disque de stoner par coup de bol. Bah oui, juste comme ça ! Je ne cherche pas le bon stoner, c’est le bon stoner qui me trouve…

Et puis, pour être encore plus franc, ce sont souvent les pochettes de stoner qui m’accrochent. En historien d’art de formation, j’attache souvent de l’importance à l’esthétique. Et oui, je juge la plupart des livres par leur couverture (mais le plus souvent par la quatrième de couverture, car les images, c’est pas tout). Mais bon, je suis un fervent amateur d’Art Nouveau. Moi, les années 1920, j’en mange ! Et quelle est l’esthétique typique du stoner ? Bah, ce sont les pastiches inspirés des œuvres majeures de l’Art Nouveau à la Alphonse Mucha, à la Gustav Klimt, à la Koloman Moser. On n’a qu’à regarder une pochette de Baroness ou de The Sword pour faire le rapprochement. Et puis, donc, je suis tombé sur la sublime pochette de l’album Peyote Queen. Du grand art à mi-chemin entre le courant symboliste des années 1880 et la période de la Sécession viennoise des années 1910-1920. Ça rappelle même quelques tableaux du symboliste belge Jean Delville, le spécialiste de l’iconographie de la femme fatale et des délicieux tourments infernaux et certains motifs caractéristiques des affiches de Mucha (voir les motifs et les cheveux du personnage féminin).

Mais bon, voilà, outre l’image de la femme fatale dépeinte par le « art-nouveau revival », il y a beaucoup plus à juger sous cette couverture séduisante. La musique de Gorilla Pulp donne le frisson; un exquis frisson. Tu verras mon ami, lorsque tu te colleras ça dans les esgourdes, tu auras l’impression d’entendre ta mauvaise conscience te parler et te dicter quelques-uns des crimes que tu t’avais interdit de faire jusqu’ici. Tu seras tenté de fuir les keufs à tombeau ouvert dans ton bolide de la mort, pour réaliser un remake de La Grande Casse (1974), Point Limite Zéro (1971) ou Vanishing Point (1997). Tu seras tenté de sauter sur la première scène venue pour y faire du crowd surfing, tu auras le désir irrépressible de grimper sur un convoi ferroviaire et de sauter d’un wagon à l’autre. Gorilla Pulp, c’est carrément malsain.

Écoute « Die Of Thirst » et ose me dire que le morceau te laisse indifférent. Je ne te croirai qu’à moitié. Car il se peut que cette impression d’indifférence soit due à une mauvaise écoute. Alors, je te dirai : « écoute une seconde fois avec une bière à la main« . Et là encore, si tu me dis que tu n’aimes toujours pas, mais que tu aimes d’emblée le stoner, le sludge, le grunge et la musique sale, je te dirai : « colles-toi une autre pinte dans le gosier, l’ami! ». Et ainsi de suite jusqu’à ce que les murs et le plancher tanguent un peu. « Et maintenant, tu aimes ? ». Bon, alors là, tu sautes à l’autre pièce. Et ne me dit pas que tu n’aimes pas les hurlements de guitare de « Caveman », parce que je ne te croirai pas du tout. « Pas crédible, le mec! Il dit qu’il aime le stoner et pourtant ça ne le fait pas… j’y comprends rien ».

C’est comme ça tout au long de l’album. C’est tube après tube. Du lourd par-dessus du lourd, du brut, pas équarri pour une seconde. C’est de l’électricité pure, du courant continu. Et le courant, entre Gorilla Pulp et moi, il passe allègrement ! Allez, l’ami, branches-toi sur cet album électrisant et laisses-toi griser. Et à ce stade, tu n’en est encore qu’au troisième morceau, à l’excellent « Magic Mushroom ». Attend un peu, le reste du disque à encore quelques surprises à te réserver. Maintenant, écoute bien, car je ne le répèterai pas : les Italiens de Gorilla Pulp, c’est pas des clodos qui grattent du ukulélé en jupette ! Sort la broche et attache ta tuque avec (comme on dit au Québec).

Dann

https://gorillapulp.bandcamp.com/album/peyote-queen

https://www.facebook.com/gorillapulpofficial

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