Forever Still – Tied Down

Tied Down
Forever Still
2016
Autoproduction

Forever Still-Tied Down

Du rock danois, Forever Still ? Ah, ce n’est pas américain ? Je l’aurais pourtant cru… Eh bien, il semble  que les apparences soient trompeuses. Pourtant, la recette est typiquement américaine : des riffs simples, mais lourds, un rythme simple à la limite du rock/metal qui joue sur les stations radio un peu plus audacieuses que la moyenne et, par-dessus tout, une voix puissante, celle de la si belle Maja Shining.

La formation Forever Still, dont nul n’a entendu parler jusqu’ici, perpétue le legs du groupe Evanescence, le groupe américain qui a conquis une scène metal plutôt « mainstream » avec son album Fallen en 2003. Si ce n’était que ça, je n’en ferais pas un papier. Evanescence, ce n’a jamais été pour moi. Beaucoup trop prévisible, surfait, à la limite du pop, des riffs banals et des paroles à ne pas fouetter un chat (et que dire de la voix live d’Amy Lee… pour ceux qui savent, c’est aussi atroce que d’entendre Avril Lavigne sans les effets studio).

Forever Still-band

Je disais donc que si Forever Still ne tenait que de ce groupe de metal gothique américain, je n’en ferais pas un fromage. Mais il s’adonne que le bases de la formation originaire de Copenhague sont beaucoup plus vastes. La musique, en soi, fait penser à du Kittie (en plus soft). Un classique du metal féminin, en somme. Mais ne vous trompez pas, la voix de Maja est la clef de voûte de la musique et non pas un simple ornement. Je dois admettre que les formations féminines, hormis peut-être Hole et Arch Enemy, me laissent systématiquement de glace. Il y manque toujours quelque chose de dur, quelque chose qui crie « raaawwwwr », une quelconque énergie. Mais ici, il semble que l’exception infirme la règle a priori admise. Peut-être est-ce parce que Maja Shining chante comme le cœur lui en dit, sans vouloir combler d’attente. Car la voix de celle-ci vogue entre le chant haut perché d’Amy Lee (Evanescence) et le timbre très coloré et empli de trémolo de Dolores O’Riordan, la chanteuse des Cranberries (vous savez, « Zombie », un des délicieux classiques de nos nineties… ). On ne pourra donc pas dire que c’est prévisible. Allez, quoi… du hard rock danois avec la voix de Dolores, on n’entend pas ça tous les jours.

D’ailleurs, la comparaison entre la voix de Shining et O’Riordan est indéniable dans « Miss Madness ». Idem pour « Awake The Fire ». Concentrez-vous sur la voix de Maja. Vous ne pourrez nier la parenté. Mais peut-être n’est-ce pas seulement le timbre de voix qui fait tant penser aux Cranberries que la coupure des pieds, la structure des vers, la mélodie vocale en tant que tels. Franchement, ces deux titres auraient bien pu être composés par Dolores que je n’en serais pas surpris. Dans le plus probable des cas, Maja a longtemps été fan des Cranberries. Je ne vois pas d’autres explications.

Mais qu’à cela ne tienne, la voix de Maja livre la marchandise, c’est le peu qu’on puisse dire. Et puis la musique de Mikkel Haastrup y est pour beaucoup aussi. Celle-ci borde parfaitement bien les parties vocales, en faisant plus qu’un simple complément, mais plutôt un berceau. Et puis, on a peine à croire qu’il s’agisse à l’origine que d’un simple duo, qu’une simple voix puisse autant mener la barque et éructer pareille énergie, alors qu’un seul homme se dévoue à tous les instruments de l’album. Pour le coup : chapeau !

Maintenant, est-ce que certaines pièces m’ont davantage plues que d’autres ? Certes, les quelques growls de la chanson « Scars » m’ont tout de suite gagné. Pour son aspect radiophonique, j’apprécie également « Once Upon A Nightmare », comme on apprécie un sucre d’orge, une petite gâterie coupable. Mais le clou de l’album, en mon sens, c’est littéralement « Scars ». Ouais, ça déménage, c’est intense, on y trouve tout ce qu’on veut, et ce, au premier morceau. Ça me parle tout ça. J’en suis étonné moi-même. Si j’avais une seule critique négative à faire, ce serait sur la durée des titres : ceux-ci sont trop courts. Mais bon, ils sont efficaces, donc à quoi bon étirer la sauce ? L’autre défaut est peut-être inhérent à l’air du temps; comme quoi j’apprécierais bien davantage le disque si Evanescence n’avait pas existé du tout. Maudits soyez-vous, Amy Lee et Ben Moody, votre metal banal porte ombrage à ce prometteur groupe danois. Sans cela, je jouirais pleinement de ce plaisant petit disque.

Dann

https://foreverstill.bandcamp.com

https://www.facebook.com/Foreverstill

Note : également disponible sur Bandcamp, Breaking Free (EP, 2003). L’ensemble des autres EP offerts sur le site se retrouvent en fait sur le LP Tied Down. Il est donc inutile de se les procurer, à moins d’être accroc aux pochettes de disques…

3 commentaires

  • Guillaume Beauvois

    J’ai craqué.

    J’ai tenu deux semaines pourtant, mais j’ai pas pu m’empêcher, j’ai pris et ça tourne en boucle. Ces rythmes binaires, ces mélodies pop, ces guitares lourdes bien réparties à l’extrême droite et à l’extrême gauche; je n’ai pas pu résister…

    …mais cette voix!

    J’ai craqué.

    • Dany Larrivée

      content que ça ait plu… c’est metal, mais bonbon en même temps. Et la voix de la chanteuse n’a d’égal que sa beauté. Et puis, aussi, le fait que son timbre soit similaire à celui de Dolores des Cranberries, j’adore. Car j’aime beaucoup cette chanteuse, mais je n’aime pas la musique ‘upbeat’ et trop joviale du groupe (hormis ‘Zombie’ et quelques tubes isolés).

      Enfin, on n’est pas toujours obligés de faire dans la musique hyper sophistiquée. Parfois, le vrai et le bon font du bien…

  • Olivier Roa

    Je les ai vu ce soir en concert à Strasbourg en 1ere partie de Lacuna Coil, et je suis tombé absolument d’accord avec ta petite chronique. Etant un fan invetéré des Cranberries (donc de Dolores), je confirme qu’il y’a quelque chose … ces « décrochages » de la voix. Encore plus flagrant en live, un petit quelques chose d’Alanis Morissette aussi en moins nazillard.
    Groupe très sympathique en tout cas.
    Pour moi la chanteuse de Forever Still c’est Lacey Sturm (anciennement de Flyleaf) mise en machine à laver avec Dolores O’Riordan et pouf ça a fait un chouette truc.

    Ps : par contre en tout meloman que je suis je n’irais pas jusqu’à dire que la musique des Cranberries est … joviale ! A part justement quelques titres isolés 🙂

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