Demians – Building An Empire

Building An Empire
Demians
2008
InsideOut Music

Demians-Building An Empire

Construire l’empire Demians : partie 1 de 3

Demians, voilà un nom qui commence à être connu et reconnu au sein de la sphère rock, prog et indépendante. Un nom inspiré de Demian, de Herman Hesse, roman initiatique qui raconte l’évolution d’un enfant de 10 ans jusqu’à son entrée dans la vie adulte, la constitution de sa personnalité guidée par le biais de Demian et par sa prise d’autonomie. Comme le personnage du roman de Hesse, ce projet musical a franchi de nombreuses étapes pour en arriver là. Le premier grand pas a été celui du premier album qui a reçu, lors de sa sortie, la bénédiction d’un Steven Wilson qui éclate au grand jour.

Demians n’est en fait pas un groupe, c’est le nom d’artiste du multi-instrumentiste français Nicolas Chapel. Celui-ci a décidé de faire cavalier seul après plusieurs essais frustrants de musique en groupe. Les contraintes, les différences d’investissement personnel, les motivations qui divergent ont fait que notre homme s’est mis en tête de tout faire tout seul, de la composition au mix, en passant par l’enregistrement (côté instrumentiste, mais aussi côté ingénieur du son). Bref, dans cette démarche, on retrouve, non pas l’influence, mais des similitudes avec ce personnage récurrent qu’est Steven Wilson. Building An Empire est donc l’œuvre d’un artiste solitaire qui a travaillé dès qu’il a pu, en fonction de son temps et de ses moyens. Et cela lui aura demandé du temps, de la bravoure et de la persévérance ! Six longues années se sont écoulées entre le début des compositions, l’enregistrement et la sortie, six longues années de dur labeur, de remise en question, d’acharnement, afin de faire naître sous yeux les rayons musicaux d’un grand artiste en devenir.

Demians-band

Dès le premier morceau, Nicolas Chapel nous transporte dans un univers riche en émotions : la mélancolie se mêle à la colère puis à l’espoir. Il s’agit peut-être du morceau le plus prog-rock moderne dans son esprit ; ce serait même la chanson qui pourrait nous faire penser que Nicolas Chapel a été grandement influencé par Steven Wilson tant les ressemblances avec Porcupine Tree dans la gestion des ambiances sont grandes. L’usage de sons de mellotron et de guitares saturées n’y est pas pour rien. Mais il faut outrepasser cette première impression et ce premier rendez-vous, car l’artiste a plus d’un atout dans sa manche. Et c’est à partir de « Sapphire », que l’on entrevoit mieux le talent de Demians, qu’on apprécie mieux son individualité : les arrangements sont plus personnels, les progressions d’accords plus riches, les morceaux moins linéaires, ou moins classiquement prog, étiquette qui ne veut plus rien dire tant ce style se voulant révolutionnaire a engendré une codification que tout apprenti, sauf trop rares exceptions,  suit à la lettre.

Les titres s’enchaînent ensuite et sans nous en rendre compte, nous voilà happés et complètement sortis de notre propre vie pour ressentir ce que Demians a vécu pendant ces années de gestation. Et quand les dernières notes de « Earth » s’éteignent, le retour est difficile, les yeux encore dans le vague, on tâtonne pour remettre en route le disque et repartir loin.

Avec Building An Empire, Demians a conçu un album assez ambigu : très personnel dans sa démarche et dans ses thèmes, le résultat est moderne et très proche de ce qu’a pu créer Porcupine Tree à cette époque. Les morceaux sont construits dans une optique très prog-rock classique : durée assez importante de chaque chanson, nombreux thèmes mélodiques qui apparaissent successivement pour bercer l’auditeur et alternance d’ambiances calmes avec des passages plus énergiques, dans lesquels la hargne et la colère explosent. Au final, cet album propose une grande richesse mais qui peut sembler très hétérogène, par exemple l’intime « Sand » est suivi par le très pop-rock « Earth ». L’artiste semble se chercher, la très longue gestation entre le début et la fin de la composition y étant sûrement pour quelque chose : les intentions de l’auteur ont pu évoluer pendant toute cette période.  En tout cas, c’est un disque réussi qui impose le respect, car il est l’œuvre d’une seule personne et qui ouvre la voie à d’autres œuvres personnelles toujours plus grandes. Tiens tiens, comme celles d’un certain Steven Wilson…

La suite, aux volets 2 & 3…

Guillaume Beauvois

http://www.demians-music.com

Également disponible, Construire l’empire Demians parties II & III

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