Black Stone Cherry – Kentucky
Black Stone Cherry
Mascot Label Group
Du rock, du bon rock, on ne tombe pas tous les jours là-dessus. Alors, quand on déniche quelques perles ici et là, on aime répandre la bonne nouvelle. En découvrant récemment le hard rock de Faith & Scars dont je vous ai entretenu la semaine dernière, je suis également tombé sur le southern rock de Black Stone Cherry, un groupe du Kentucky dont s’est justement inspiré F & S. D’abord, je n’avais jamais entendu ce nom-là. Étrange, puisque celui-ci n’en est pas à sa première production. Et non seulement la formation en est à son cinquième album et qu’elle œuvre dans la sphère rock depuis près de 15 ans, mais cette musique est réglée au quart de tour et s’avère d’une efficacité indéniable. Pourquoi alors n’en ai-je pas entendu parler auparavant ? Mystère…
À mon avis, quatre des cinq disques du groupe méritent d’être mentionnés. Cela dit, Magic Mountain, le plus récent album avant Kentucky, me semble être un album des plus banals. On entend ce genre de musique partout aux Etats-Unis. Il s’agit d’un rock de radio collégiale dont la formule a été épuisée depuis fort longtemps. En fait, le disque de 2014 fait partie de cette sorte de musique qui ne laisse aucune empreinte dans la mémoire. On l’entend et l’on se dit : « c’est pas si mal, mais ce n’est rien d’exceptionnel ». Mais si l’on omet cette tache au dossier, Black Stone Cherry a une fiche presque parfaite. On leur pardonnera donc ce léger écart de conduite.
Or, avec Kentucky, Black Stone Cherry revient sur ses pas. Et c’est une bonne chose. Finis les airs commerciaux pour vendre du chewing gum aux jeunes surfers blonds qui pullulent sur les plages de Californie. Ce dernier disque, paru chez Mascot Label Group en avril dernier (maison de prod officiant pour Gojira, Volbeat et Black Label Society), renforce l’image d’un rock acidifiant dont sont friands les amateurs de metal pas trop hurlant (on qualifie même BSC de groupe « metal alternatif »), un rock plus énergique que le rock ordinaire et une musique à mi-chemin entre le radiophonique et le pas-trop-marginal. En fait, Black Stone fait dans le compromis et la juste mesure. Bref, ça peut convenir à plein de monde…
Sans l’avoir su a priori, la formation revient aux sources et sort des cartons le son et l’énergie de Between The Devil & The Deep Blue Sea (2011) et réitère avec une fougue que l’on retrouve également dans Folklore And Superstition (2008). On aime ça, car un pareil dynamisme mérite d’être entretenu. Et l’on sent bien que le groupe ne se livre pas ainsi pour la première fois. On sent la maturité derrière cette musique tonifiante. On aime la voix rauque et éméchée de Chris Robertson, la guitare crasseuse et lourde comme de l’acier oxydé de Ben Wells ainsi que les basses tonitruantes que nous offrent le bassistes et le batteur.
J’affectionne tout particulièrement les pièces « In Your Dreams » et « Shakin’ My Cage », deux titres pourtant très Nickeback, Creed et autres immondices rock pop. Mais bon, outre la structure un peu facile, un peu prévisible et plutôt « safe », on ne peut reprocher à Black Stone cette parenté indésirable. C’est bon, point. Au diable l’analogie haineuse ! Ce qu’on y aime, ce sont les guitares et leur densité, lourdes comme le plomb, et les voix à l’unisson (les chœurs sont tout simplement parfaits, et ça, ça fait une différence !).
Il y a également dans la musique de Black Stone un petit quelque chose de folk, de soul, de blues (sans la grande technicité caractéristique du dernier genre). Il n’y a qu’à écouter « Soul Machine », ses chœurs féminins proches du gospel et les quelques mesures de cuivre dans le bridge un peu james-brownesque pour le réaliser. Ça déménage, c’est dynamique et ça donne le goût de danser, ça passe du 110 volts au 220, tout d’un coup. Je n’imagine même pas l’énergie qu’un pareil tube pourrait générer sur scène !
« All in all », Black Stone Cherry nous offre un album dans le summus du hard rock, une musique alternative dans la mouvance des Shinedown, Alter Bridge, Staind, Airbourne, Sixx:A.M. et Seether avec un petit quelque chose qui rend la formation du Kentucky un peu plus unique que les noms susmentionnés. C’est, à mon oreille, un heureux mariage entre le metal alternatif de Stone Sour, le grunge de Soundgarden et le hard rock incroyablement bien tassé de Razer (un des mes groupes préférés). Ouais, ça résume bien l’état des lieux.
Si l’on met de côté les ballades un peu mièvre de Kentucky, dans le genre « Long Ride » et « The Rambler » qui font un peu trop Three Doors Down ou Kid Rock (bref, de l’extrêmement ordinaire), il s’agit d’un disque sans ratés. La reprise de la légendaire pièce « War » d’Edwin Starr rajoute des cerises sur le gâteau et certains morceaux me ramènent au blues du québécois Steve Hill, « ze bluesman » parmi les bluesmen (je pense entre autre à « Cheaper To Drink Alone »). Enfin, c’est dans le meilleur des mondes, à cheval entre stoner, hard rock, metal alternatif et rock pop. Bon, eh bien, je vous laisse sur cette impression, car vaut mieux une écoute que ces quelques mots jetés en l’air… Bienvenue dans l’univers de Black Stone Cherry, parce que : « War, what is it good for ? Absolutely nothin’ ! War, uh, good God, what is it good for ? Absolutely nothin’ !» .
Dann ‘the djentle giant’
http://www.blackstonecherry.com
Surtout un groupe à voir en live, c’est vraiment là qu’il rayonne avant tout de part le charisme et la sympathie de Chris Robertson et des autres membres du groupe, et leur accessibilité assez incroyable.
Ca sonne vraiment stoner rock / blues une fois sortie du studio, le Chris raffolant des p’tits solos qui accrochent dont seul Gibson Les Paul à le pouvoir.