Whores. : Discographie

whores-band

Whores. : bordel, grabuge & nihilisme

Ouais, eh bien, si Kurt Cobain était encore en vie, il aurait approché les mecs de Whores. On sait que peu de temps avant sa mort, le leader de Nirvana caressait le projet de se joindre à R.E.M. Bon, quand on y pense bien, on est loin d’être certain de la combinaison. Car, contrairement à la bande de Michael Stipe qui polie ses morceaux et concentre ses efforts autour des harmonies vocales et ses airs de guitares à l’anglaise, on sait tous que le mec de Seattle a toujours nourrit une fascination pour les « feedbacks », les sons discordants, les soli improvisés, les airs crasseux et viscéraux. Paradoxal, certes. En revanche, la participation de Cobain au sein du groupe Whores aurait coulé de source.

Whores, c’est le désordre, c’est les bennes à ordures éventrées, les ruelles où se rencontrent les matous pour se battre et y laisser un bout d’oreille ou deux, c’est le coup de feu perdu dans l’anonymat de la nuit, c’est la sirène d’ambulance qui s’étouffe dans la brume de minuit, la bataille d’ivrognes et le bruit des os fracassés. Whores, c’est trash, très trash. C’est corrosif, c’est expéditif, ça ne croit en rien, ça fout le feu partout et ça y ajoute de l’essence au passage. Whores, c’est le vrai Nirvana fondamental (pas celui du temps de Nevermind, mais plutôt celui du temps de Bleach et Incesticide), c’est Nirvana avec quelques cicatrices, quelques lendemains de veille, quelques coups de matraque dans la gueule en plus. En fait, Whores ressemblent à ce que préconisait Cobain dans la musique. Le musicien de Seattle, qui vouait un culte aux Scratch Acid, P.J. Harvey, Mudhoney, Million Of Dead Cops, Melvins et Butthole Surfers, aspirait plutôt à une musique pleine de décibels, de dissonance contrôlée, bref, de grunge bien sale. En ce sens il serait tombé en amour avec le noise-rock bien oxydé de Whores. « So am I ».

whores-cleanwhores-ruinerwhores-gold

Fondé en 2010, l’anarchique trio d’Atlanta donne dans le noise-rock et le stoner survolté. Mais attention, il ne s’agit pas de noise-rock improvisé qui nous donne le goût de dire : « c’est n’importe quoi, on pourrait faire la même musique en laissant tomber sa guitare par terre et la laisser émettre des bruits ». Nah, le noise-rock/stoner de Whores est construit et dirigé. Il est même bien carré, très brut et à peine équarri au ciseau; du néo-monolithique, affirment même les membres du groupe (le néologisme me parait approprié). À ce que j’en sais (parce qu’il y a longtemps que je ne me suis pas plongé dans le grunge pur et dur et ses dérivés), Whores a quelques équivalents actuels dont les routards de Mudhoney, Red Fang, High On Fire et de The Sword avec un soupçon de Holy Grove, de Torche, Throttlerod et de Novadriver. J’hésiterais même à catégoriser cette musique de néo-grunge. Mais bon, on a assez d’étiquettes comme ça ! Ce que j’en sais, en revanche, c’est que ça déménage et ça vous déglingue une porte à coup de pied de biche et ça défenestre joyeusement !

D’ailleurs, lorsqu’on lit la courte description autobiographique de Christian Lembach, chanteur et guitariste du groupe, on comprend très bien à quel genre de musique on aura à faire avant même d’avoir appuyé sur « play » :

« Christian Lembach fait partie d’un groupe dont le public est essentiellement constitué de types grassouillets portant la barbe. Il ne fume ni ne boit, mais il parle de lui-même à la troisième personne. Il est gradué de la Georgia State University en journalisme, mais il travaille dans le domaine du film. Il est un amoureux et non un bagarreur. Mais il est aussi un bagarreur ».

On pige tout de suite de quoi il en retourne. Lembach est à l’image des pochettes des trois albums du groupe : irrévérencieux, désinvolte, impertinent, insoumis, nihiliste. Et les images que l’on retrouve sur ces couvertures de disques représentent fort bien le produit. Bref, « what you see is what you get ». Cette fois-ci, vous pouvez totalement vous permettre de juger le livre par sa couverture.

Aucune autre description superflue ne mérite d’être émise. « Listen for yourself ». Gaffe à l’hémorragie de l’oreille ou au cancer du tympan, toutefois… Et puis, notez que si Clean et Ruiner vous on plu, le plus récent album du groupe vient tout juste de paraître ce matin. Ça va être de l’or en barre. En tout cas, ça ne sera pas à jeter, c’est certain (pardonnez le jeu de mots avec la pochette).

Dann ‘the djentle giant’

https://whores.bandcamp.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.