The Shade – Through Distant Times

Through Distant Times
The Shade
2013
Dawn Recordings

The Shade-Through Distant Times

The Shade est le genre de groupe dont il est facile de passer à côté, même si le visage féminin du genre vamp fatale né de la peinture hyperréaliste de la couverture a quelque chose d’attractif. On pourrait croire aussi à un album d’electropop facile à tendance futuriste. La vérité est à la fois plus complexe, sombre et réjouissante. On peut commencer à subodorer cette vérité quand on sait que Stefano Lugo et Derfel, les deux membres de The Shade, se sont rencontrés en 1995 dans l’un des recoins du Shelter, un club darkwave milanais. L’amitié a été immédiate, mais le duo n’a pas pu voir le jour avant 2011, les deux comparses ayant été overbookés avant. En effet, Derfel, issu de Xilema, un groupe électroacoustique italien à vocation théâtrale plutôt inclassable, a très vite été repéré pour ses capacités en matière de compositions puissantes, hypnotiques et pour tout dire imparables. Quant à Stefano Lugo, il est issu de Diva Suicide (ce qui en dit long sur la potentielle noirceur de ses créations).

Oui, The Shade est un duo qui aime l’ombre, le rugueux et l’incorrect. Pourtant Through Distant Times apparaît d’abord dans sa splendeur mélodique et sa redoutable efficacité rythmique avant de distiller savamment ses aspects abrasifs et obscurs. Car Derfel et Lugo sont en premier lieu des faiseurs de chansons exceptionnels. De fait, l’album est une pure succession de titres tous plus impeccables les uns que les autres, la palme revenant peut-être à « A Calling Spaceship », d’une beauté juste parfaite et tout aussi émouvante. Mais l’album s’écoute vraiment d’un seul trait, révélant ainsi sa stupéfiante richesse, la précision obsédante de ses boucles electro et la maîtrise achevée de ses envolées harmoniques. Prenez par exemple « Xs On My Eyes ». C’est un déluge de percussions samplées, de riffs de synthés à s’en percer les tympans et de chants aux intonations inquiètes.

The Shade-band

Les meilleurs groupes anglais du genre à leur meilleure époque n’ont pas fait mieux dans leurs meilleurs singles. Sauf que tout l’album est du même bois. Sauf que le côté souvent commercial des Anglais est ici remplacé par des nuances ténébreuses, éparses et envoûtantes. Le summum de ce penchant pour la noirceur est à trouver dans « Black Garden », une composition sinueuse et vénimeuse à souhait. Mais peut-être préférerez-vous « Stories » et ses montées mélodiques électrisantes, ou « Situation », la tournerie infernale qui ouvre l’album. Bref, c’est comme vous voulez, tous les titres de Through Distant Times possédent la même mécanique maniaque aussi acérée qu’explosive. Du côté des textes, c’est extrêmement travaillé également, certaines chansons ayant assurément cette profondeur quasi-ésotérique qui est la marque des grands auteurs, je pense à « Turn Around » par exemple, ou encore à « Immoral Ground ». Vous l’aurez compris, j’aime à approfondir, écoute après écoute, les charmes massivement rythmés et obscurs de cet album surprenant.

Frédéric Gerchambeau

http://www.theshade.eu

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