Sousbock – Et Puis ?

Et Puis ?
Sousbock
2014
Autoproduction

Sousbock Et Puis

Si Jean-Jacques Goldman sait se faire très discret depuis le début du millénaire, le groupe français Sousbock (quel nom étrange !), quant à lui, n’a pas chômé puisqu’il a pu proposer pas moins de six albums pouvant se distribuer en deux trilogies dont Et puis ? marque la fin. L’évocation du chanteur discret n’est pas anodine. La musique créée par Sébastien Bournier et ses acolytes creuse le sillon ouvert par l’ancien chanteur de Thaï Phong tout au long de sa si populaire carrière en solo. Les compositions de cette dernière pierre à l’édifice doivent en effet beaucoup à la discographie du chanteur adulé. Si la musique du bonhomme vous a toujours laissé de marbre, passez votre chemin… non sans avoir au préalable écouté un extrait de n’importe quel titre de Et Puis ?, juste « pour le fun » comme on dit. L’effet reste saisissant. Le son, les arrangements, les harmonies et les lignes mélodiques sonnent plus « Goldman » que « Goldman ». Sans parler de la voix du chanteur qui laissera perplexe : le timbre, identique à celui de qui vous savez, cependant parfaitement maîtrisé et clairement posé, joue de mimétisme jusqu’à la sorcellerie. Et Puis ? sonne comme le disque qu’aurait pu sortir le compositeur, juste après Chansons Pour Les Pieds, en 2001.

La formation revendique néanmoins d’autres influences. Le rock progressif mélodique de Marillion, Genesis, Pink Floyd, Porcupine Tree et Radiohead imprègne plutôt légèrement le tout même si certains sons de claviers (très proches de ceux utilisés par Mark Kelly de Marillion), peuvent parfois faire penser à l’un ou l’autre des chefs-d’œuvre du quintet britannique tels que Brave et Marbles. Certaines parties de guitare lorgnent également vers l’œuvre de la bande à Hogarth. En fait, pour être plus clair : l’impression d’écouter le nouvel album de J.-J., qui aurait licencié Michael Jones au profit de Steve Rothery, est flagrante. Un mélange des genres détonant mais pas si étonnant quand on sait la force mélodique dont sont capables, tant le Français que les Anglais. Du reste, avant de rire grassement à la simple représentation du sexagénaire menant Mimi Mathy, Garou et autres enfoirés en goguette, rappelons-nous que le travail accompli jadis avec le groupe progressif Thaï Phong déjà cité, n’avait rien à envier aux ténors du genre. Dans le style « incriminé », ils étaient même meilleurs que certains dont la renommée était bien plus grande. Sans même insister sur la voix, proprement hallucinante, du jeune Goldman sur ces joyaux que restent des titres comme « When It’s The Season » ou « End Of An End ». Tout cela pour dire que se moquer de ce qu’est devenu le milliardaire au fil de ses douteuses aventures avec Céline Dion ou d’autres stars de semblable farine ne suffit pas à décrédibiliser sa force créatrice, souvent prégnante, toujours au service de la mélodie.

Sousbock-band

On sent également chez Sousbock cette tension permanente entre ses ambitions progressives et mélodiques et cette velléité d’accessibilité coûte que coûte, au risque de la mièvrerie que le disque frôle souvent. Le meilleur exemple reste le morceau d’ouverture, qui commence comme du Pendragon (période The Window Of Life) pour continuer comme un hommage à l’album Entre Gris Clair Et Gris Foncé de qui vous savez. Cette position indécise et médiane, tiraillée entre des exigences musicales divergentes, à défaut d’être contraires, crée parfois un sentiment de flottement. On ne parlera pas non plus des textes qui, à l’instar de ceux de leur inspirateur, n’ont jamais eu pour réelle ambition de détrôner ceux de Ferré ou Manset. Sousbock se permet même de proposer des paroles encore plus faciles, avec, là encore, le danger de friser la naïveté. Cela dit, le tout forme un ensemble cohérent : une bonne musique pop « à l’anglo-saxonne » mâtinée de vers simples à fredonner sur son scooter. Ces compostions si « populaires » n’auraient rien gagné d’être portées par les travaux de haute manufacture que sont les vers de Jean Fauque ou Allain Leprest. À chacun son job. Sousbock, sans prétention, mais avec un cœur énorme, dévoile son intimité dans sa modeste réalité. A conseiller, naturellement, aux orphelins du grand Jean-Jacques et  aux curieux. Déroutant…

Christophe Gigon

http://www.sousbock-fr.com/

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