RED – Of Beauty And Rage
RED
Sony
Oh que je sens que certains de mes collègues et amis vont m’aimer cette fois-ci. En tout cas, je ne devrais pas recevoir de tomates pour celle-là. La chronique du jour concerne Of Beauty And Rage, le dernier album de RED, un groupe de metal symphonique originaire du Tennessee.
Pour la petite histoire, je m’étais promis de ne pas parler de grosses pointures, car j’ai, comme Robin des Bois, une affection particulière pour les moins nantis, les plus discrets, la relève et les créatures du monde underground. Enfin, si Robin de Locksley était critique de musique, il me semble qu’il ne parlerait pas de Metallica, de Slayer ou de Linkin Park. Mais enfin, comme je ne suis pas ce généreux archer aux collants, je peux déroger de ma ligne de conduite sans me faire railler.
La formation ici présentée en est à son cinquième album. Pour ma part, je ne la connaissais pas, même si son origine remonte pourtant à 2002 ! Peut-être est-ce parce que les disques précédents ne comportent pas une musique qui m’atteint d’emblée. J’ai écouté les autres galettes du groupe et, force m’est d’admettre que le genre me laisse froid dans l’ensemble. Mais avec Of Beauty And Rage, c’est différent. Je retrouve le bonheur d’une bonne sono avec des mélodies tout à fait équilibrées, envoûtantes et dynamiques comme je les aime, mais dans un emballage plus nu metal par moments, notamment dans la pièce « Impostor » qui me fait penser légèrement à Love And Death, le « side-project » de Head, le guitariste de Korn.
J’ignore si j’aurais fait cette découverte par moi-même, car de visu, le descriptif du groupe ne m’attire pas. Dans certains articles parus ailleurs, on parle carrément de nu metal, dans d’autres on parle de metal symphonique (pas que je déteste, mais l’étiquette est généralement apposée à tort, surtout quand il s’agit d’un production par une grosse maison de prod telle que Sony). Or, un ami m’a suggéré cet album il y a quelques jours et je me suis pris au jeu.
La chanson « Shadow And Soul » est toute en montée lyrique, rappelant mon amour pour l’incomparable chanson « Mob Mentality » de Earthside (une pièce avec laquelle je vous assomme depuis sa sortie l’an dernier). Du coup, celle-ci me renvoie à mes anciennes amours dont ma relation presque charnelle avec Tristania (surtout avec l’album World Of Glass), de même que le classique Nightwish. Ne vous trompez pas cependant, je ne suis pas en train de dire que RED fait du metal triomphant… non, non, non ! Je fais le comparatif de façon subjective. C’est que l’énergie montante et l’orchestration de Of Beauty And Rage me donne les mêmes frissons que les formations sus-nommées pour lesquelles j’ai eu une grande affection par le passé. Disons plutôt, pour faire une comparaison plus adéquate et plus objective, que ce disque-ci possède une énergie vocale semblable à celle de Daniel Tompkins (TesseracT) et Ashe O’hara (Voices From The Fuselage) alors que la musique donne dans le ton de Breaking Benjamin (surtout si l’on fait le rapprochement avec l’album Dark Before Dawn, paru en 2015).
Toutefois, j’ignore si faire une comparaison avec un groupe de musique existant vaut vraiment la peine. Il me semble que je serai toujours un peu éloigné de ma cîble sans jamais l’atteindre. Ce que je sais, c’est que la voix de ténor de Michael Barnes est remarquable, d’une puissance et d’une justesse qui confèrent presque aux émissions de dénicheurs de talents telles que American Idol et The Voice, ce genre de trucs dégueulasses que l’industrie nous farcis dans le fion depuis près de 15 ans. Mais bon, la voix de Barnes est géniale, il n’y a rien à redire. Et puis, merde, même si celle-ci est plutôt pop, elle est efficace et elle livre foutrement bien la marchandise, surtout dans « Darkest Part »…
Pour tout le reste, la guitare, la basse et la batterie ne se démarquent pas réellement. Les instruments forment un tout qui soutient les parties vocales comme des piliers, sans plus. Les lignes instrumentales ne comportent aucune prouesse digne de mention. C’est plutôt épuré dans le genre (ce qui fait en sorte qu’on catégorise la chose comme du nu metal… logique quand on y pense). La présence très prenantes des plages de claviers assurées par Randy Armstrong vient toutefois donner un « oomph » à l’ensemble, brisant l’unidimensionnalité d’une musique a priori banale et facile.
« All in all », comme diraient les Américains, Of Beauty And Rage a de quoi plaire à tous. Du symphonique pour les amateurs de grandiose (j’en suis), du gros metal simpliste mais lourd pour les fans de nu metal et de prog metal (j’en suis un peu moins, mais je ne suis pas totalement contre), du rock progressif (du moins, dans les structures vocales), du clavier pour les amoureux de l’industrial et du plus doux pour ceux qui préfèrent le calme à la fission atomique (on retrouve cet aspect plus calme et cinématique dans « Descent », « Of These Chains », « The Forest » et « Ascent »). Bref, de quoi pour un peu tout le monde, et pas qu’un peu !
Dann