Plebeian Grandstand – Rien Ne Suffit

Rien Ne Suffit
Plebeian Grandstand
Debemur Morti Productions
2021
Jéré Mignon

Plebeian Grandstand – Rien Ne Suffit

Plebeian Grandstand Rien Ne Suffit

[Clap]

Extérieur. Nuit. Petit matin. Panorama vide. Grisaille. Vent glacial sur le visage irradiant sur la nuque.

Lumières ternes.

Absence de dialogues.

Plan contemplatif à l’image déchirée.

Violence sournoise de l’esprit dégueulant sur le bitume.

Déjections en rappel. Containers à verre trop pleins. Angoisse. Camés au coin d’une porte. Défiance, méfiance, rage contenue, violence de spasmes musculaires. Un cri s’élève au lointain, une ambulance se fait entendre… Battements irréguliers, imprévus d’un instant, régularité d’un quotidien transformé, constance d’un mal-être de plus en plus pernicieux, aléatoire et toxique. Ici, c’est l’agglomération, l’urbanité parfois « gentrifiée ». Sa paranoïa poisseuse, ses rues insalubres, son humidité polluée, ses poubelles qui débordent de merde, ses rats qui se mêlent aux pas de passants inconscients et blasés, ses putes exploitées prêtes à tout, même à l’innommable. Plebeian Grandstand révèle plus du constat que de la projection, sa violence gangrenée par la dissonance, ses couloirs de métro comme échos de dangers et de polymorphismes inégaux et malfaisants.

Plebeian Grandstand Rien Ne Suffit band 1

Rien Ne Suffit est un film… Un peu le vôtre… Un script imaginaire, un story-board, caméra à l’épaule, avec ses difformités apériodiques où la brutalité convulsive se réveille dans des instants fantasmés d’une dissonance abrasive. Attention béate et grouillante. Car les Toulousains se sont permis ce luxe de faussement aérer leur maelstrom de violence jusqu’au-boutiste par des champs/contre-champs plus étouffants encore: grésillants, bourdonnants, desséchés, analogiques et électroniques, sans issues, amenant seulement un autre chapitre d’agression sur une nouvelle case d’un jeu de société grandeur nature. Plus bancals et déstructurés, voire désespérés, les chapitres de ce métrage, avant tout pensés en termes d’atmosphères et d’ambiances, se révèlent plus incisifs. Tranchant à l’improviste dans les veines d’un bras, laissant palpiter le mouvement incontrôlé d’un doigt ayant perdu ses repères musculaires et biologiques, Rien Ne Suffit sème le trouble cognitif. Celle d’une surcharge d’anxiolytiques déformant la réalité de visages d’horreur devenant plus effrayants car d’autant plus réels et quotidiens. S’ils n’avaient plus rien à prouver dans leur vision chaotique d’un monde hérité d’un Bukowski depuis False Highs, True Lows, les Toulousains enfoncent d’avantage le clou rouillé dans cette société malade, lui donnant même plus qu’un corps ou une synergie, mais une histoire et un déroulement… Torturé jusqu’à la déviance d’un Gaspard Noé (ou d’un Leos Carax) où se côtoient applaudissements d’un public acclamant, hagard, sa propre déchéance, intonations dub/indus dignes d’un Techno Animal et disharmonies semblant s’extirper d’un Deathspell Omega ou d’un Ulcerate, Rien Ne Suffit est tordu, et pour tout dire insaisissable. Après tout, cet album est la porte d’entrée d’un imaginaire qui au fur et à mesure va se révéler aussi visuel qu’auditif brouillant les frontières dans un sourire carnassier. False Highs, True Lows s‘ouvrait au son d’une sirène retentissant par trois fois. Rien Ne Suffit a dépassé cet état d’alarme. Car il est trop tard… Ne reste plus que la contemplation d’un vide sociétal qui en demande plus, toujours plus… Et à la manière dont se termine l’album, le doute n’est plus permis.

Plebeian Grandstand Rien Ne Suffit band 2

Intérieur. Nuit. Soir.

Espace confiné. Murs noircis par l’humidité

Mains multiples sur corps et visages

Lumières froides en clair-obscur

Une main se pose sur une vitre

Un visage se tord dans une grimace avant de…

[Clap de fin…]

https://plebeiangrandstand.bandcamp.com/

 

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