Numbers Not Names – What’s The Price ?

What’s The Price ?
Numbers Not Names
2012
Ici D’ailleurs

Numbers Not Names – What’s The Price

Par ici, ça sent la fumée, celle des usines, des pots d’échappements, des clopes avec conservateurs, citrate et je ne sais quoi en prime. Ça sent le monde du profit, celui qui pue, nauséabond, monde des alligators en costards car le profit à une odeur bien à lui. Sueur, sang, foutre et papier imprimé en code-barres. Dans l’urgence, une réponse forte. Tension, paranoïa aigüe, si aigüe qu’elle mouille le t-shirt et renferme l’humidité dans les pompes. Ça schlingue la dope par là, mélangée à la vinasse bon marché, ça suinte la colère, la rébellion cadenassée, mort-née avant terme en césarienne avec couteau de boucher. On propose ici et là des solutions. Des alternatives diront d’autres, se mettant une bonne conscience d’hypocrite enflée dans la poche pour mieux s’enfermer dans leur pseudo bulle de confort. Personne n’y échappe. Discours entendu, encore, mille et une fois encore. Presque gavant à force de l’entendre à longueur de journée, hein ? Déjà tant à faire pour payer son loyer, faire ses courses, rembourser son crédit.

Pfff… J’en vois déjà qui tirent la tronche à la lecture de cette « Trainspotting » touch. Incipit qui tue. « Numbers Not Names » tue aussi, mais pas de la même manière. Réunion improbable à l’initiative du label Ici D’Ailleurs en la personne de Stéphane Grégoire. Oktopuss (Dälek), Alexei « Crescent Moon » Casselle (Kill The Vultures),  Jean-Michel Pires (The Married Monk) ainsi que Chris Cole (Manyfingers), tous deux batteurs, pour compléter l’ardoise. Trois nationalités pour un seul objet renfermant en lui seul l’essence d’un hip-hop cru, sans passer par la case horrorcore dégueu et inutile, où traîne un vague parfum d’industriel. Des réunions qui font mouiller autant qu’elle font flipper. Bah là, ça mouille grave le monde. « What’s The Price ? » fait ressortir le techno Animal du début des années 2000. Celui qui fracassait les latrines de pisse, baffles qui fondaient sous des basses écrasantes à foutre une gaule d’enfer en levant les bras.

Franchement, « What’s The Price ? », c’est un peu un retour en arrière sans l’être. De pas loin, mais ça fout un coup quand même. Des émotions diverses en des titres concis et denses. Des basses côtoyant le dub bien industrialo-cra-cra comme il faut, percus à quatre mains entraînantes – une batterie dans le Hip-Hop on le dira jamais assez mais ça claque sévère -, bidouillages groovy qui délivrent leurs messages écoutes après écoutes, pour un chaos réfléchi et libérateur. Ça sent le sang, le paroxysme sonore qui laisse ses secrets sous formes de petits cailloux qu’on suit sans même savoir où ça mène tout ça… Quel prix peux-tu mettre pour ce disque, Petit Poucet ? « What’s The Price ? » hein ? Ce serait plutôt  : « quel est ton niveau d’investissement » ? Jusqu’où tu peux aller ? Entre nous, nausée, collapsus. Un tantinet éprouvant. C’est aride n’est-ce pas ? Par ici, ça sent quelque-chose de juteux pour les esgourdes.

Plus on l’écoute, et plus Numbers Not Names envahie l’espace personnel. Oh, ça fait un peu peur, mais ça ne veut pas de mal. Ouvre un peu les yeux. Ça sent la rouille qui mute en musique, portée par un flow invectif à la limite du parlé sans rompre les dernières barrières. Ça sent le hip-hop qui accompagne mes journées. Celui qu’on aime. Ça sent…

Jérémy Urbain (8,5/10)

www.icidailleurs.com/

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