Ludovico Einaudi – Elements
Ludovico Einaudi
Ponderosa Music & Art
C’est très tranquillement que les compositions de Ludovico Einaudi ont investi notre environnement musical. Orange, TF1, Procter & Gamble, Sony, Lancôme, la Sécurité Routière et bien d’autres marques encore se sont éprises de ces pièces mélodiques à la fois simples, subtiles et raffinées. « Le Nouvel Observateur » dit de Ludovico Einaudi que « la mélancolie que dégagent ses gymnopédies est universelle ». Simplicité, raffinement, mélancolie, universalité, le cocktail est en effet imparable, irrésistible. Et dès lors il est aussi facile de comprendre que les concerts de ce compositeur soient tous archi-complets des mois à l’avance. Car comme l’écrit Libération, « Ludovico Einaudi est parvenu à réconcilier deux sphères rarement réunies : la culture savante et le grand public ».
De fait, le domaine musical dans lequel évolue généralement Ludovico Einaudi est celui du minimalisme. « Moins, c’est plus », est la devise non-écrite mais gravée dans le marbre de ce style dont les principaux représentants se nomment Brian Eno, Philip Glass et Steve Reich. Erik Satie était déjà un minimaliste à sa manière. Faire le maximum avec le minimum, tirer le complexe de la simplicité, voici l’art du minimalisme. Celui-ci est souvent basé sur la répétition. Celle-ci, bien pratiquée, possède des vertus envoûtantes, oniriques et même hypnotiques. Les notes répétées finissent par vous enlacer comme par un lien magique, mystique, pour vous transporter hors du monde. « Circulaire, répétitif au besoin, tout en élégance et parfois au bord de la transe, le chant de son piano nous y guide comme s’il tirait les ficelles d’une rêverie sans fin. De quoi nous projeter dans un vaste voyage à destination inconnue, joyeusement ornementé par les apports subtils de cordes, de percussions, d’éléments électro », c’est écrit, et bien dit, dans sa biographie. Ludovico Einaudi l’exprime lui-même ainsi : « En général, je n’aime pas les définitions, mais minimaliste est un terme qui signifie élégance et ouverture, donc je préfère être appelé minimaliste plutôt qu’autre chose ». Ou de cette façon : « j’aime me complaire dans mes rêves et rester, comme on dit en italien, la tête dans les nuages. La musique et le jeu sont un moyen privilégié d’accéder à d’autres dimensions, et de les partager. »
Elements est donc le treizième album magnifique, fascinant et épuré de Ludovico Einaudi, qui, comme l’écrit les Inrockuptibles, « est à la croisée des chemins: entre les figures répétitives des compositeurs modernes, le lyrisme des romantiques italiens et l’univers de Radiohead et de certains groupes électro. » On se plonge avec délice et volupté dans ses boucles de violons, dans ses harmonies pianistiques et autres accords de guitare électrique. Elements, comme son nom l’indique est basé sur les quatre éléments : l’eau, l’air, la terre et le feu. Nous voyageons entre ces principes anciens et immuables avec douceur et suavité, tantôt tranquillement bercés par une mélodie aérienne, tantôt réchauffés à la flamme d’un tendre brasier de contrepoints obstinés. Et quand l’album se termine, on est presque étonné d’être rendu à la réalité…
Frederic Gerchambeau
http://www.ludovicoeinaudi.com