Happiness Project – 9th Heaven
Happiness Project
BOREDOMproduct
L’album date de 2012. Oui, je sais, c’était il y a trois ans déjà, nous sommes en 2015, et l’année se termine sous peu. Mais ce nom… Happiness Project, le projet d’être d’heureux… Nous sommes en 2015 et l’histoire se rappellera peut-être que nous sommes actuellement en guerre. Pour combien de temps ? C’était inimaginable en 2012. Il y a eu le Bataclan depuis… Alors, oui, ce projet d’être heureux d’Happiness Projet est plus que jamais actuel, essentiel. C’est pourtant la mélancolie que chante ce groupe. Et même une certaine forme de bonheur au travers de la mélancolie, malgré toute la noirceur de cette mélancolie. Car être heureux, vraiment heureux, à temps complet, ne peut rester qu’un projet dans ce monde où le bonheur est de plus en plus difficile à atteindre, et même à concevoir.
C’est en 2003, au cœur du Limousin, que naît donc ce groupe dont les chansons mêlent deux voix : celle d’un garçon, Fred, et celle d’une fille, Christelle. Sans même encore évoquer la musique derrière leurs voix, cela fait tout de suite penser à un autre projet d’être heureux : à deux. L’amour, cet éternel chantier, toujours à surveiller sous menace de ruine, souvent à reconstruire, ou à abandonner. « Les histoires d’amour finissent mal en général… » chantaient les Rita Mitsouko. Le projet d’être heureux se termine souvent au feu et les yeux plein d’eau. Reste la mélancolie, qui demeure là près de nous, comme une amie fidèle. Happiness Project n’a pas besoin d’aller chercher plus loin son inspiration. Et, boudiou, que la mélancolie qu’ils distillent à l’envi est jolie !
La musique maintenant. BOREDOMproduct ne se trompe jamais. Au fil de mes chroniques concernant ce label marseillais, j’ai vite appris cela. Quand ce label signe un groupe, c’est qu’il est forcément bourré de talent. Et Happiness Project ne fait pas exception à la règle. 9th Heaven débute par « Desillusion ». Et tout de suite la mélancolie sinueuse et vénéneuse du titre nous envoûte sur un fond de séquences impératives et de rythmiques redoutablement efficaces. Suit « Heights ». C’est encore meilleur, la voix de Christelle voltigeant au-dessus de celle de Fred parfois mêlée aux sonorités acides d’un vocodeur. Décidément, tout ceci me plaît. Continuons avec « Blue Eyed Boy ». Christelle chante en anglais, Fred lui répond en français, le duo est parfait avec juste ce qu’il faut de synthés autour d’eux pour les croire enfin heureux à deux… s’il elle sait attendre. Non, décidément, avec eux l’amour est un bonheur toujours à venir et dès lors… en projet. Heureusement, pour nous, l’album est juste excellent dans son genre. Écoutez juste « Poupée Mécanique », le sixième titre de l’album, pour en avoir une incontestable preuve. La mélodie sur lit de mellotron vous hantera longtemps. Elle me hante encore, doux ressac d’un refrain solidement charpenté aux saveurs douces-amères… Merci !
Frederic Gerchambeau
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