Haken – Affinity

Affinity
Haken
2016
InsideOut Music

Haken-Affinity

Hourra, le nouveau Haken est arrivé, et nos joyeux lurons ont décidé cette fois-ci de nous plonger dans une ambience très années 80, et début 90. Mais pourquoi? Ce n’est pas ici que je donnerai les raisons qui ont amené les membres du groupe à cette orientation musicale. Mais Haken nous a quand même habitués à de curieux mélanges et de drôles de loufoqueries par le passé. Une des plus remarquées, et remarquables par sa grande maîtrise, était « Cockroach King » de l’album The Mountain avec son passage a cappella juste après une intro digne du Purple profond, avec aussi ses vocaux très variés, et son pont instrumental complètement psychédélique. Après une pause « vide-greniers » avec Restauration, dépoussiérage en règle et réenregistrement de trois titres issus de leur démo Enter The Fifth Dimension sortie en 2008, les joyeux compères – quand on regarde les petites vidéos issus de l’enregistrement, on se dit que faire une musique sérieuse sans se prendre au sérieux est chose fort simple – nous apportent un disque rempli de ce qu’ils ont l’habitude de faire, un véritable capharnaüm organisé.

Un disque d’Haken, c’est toujours un amoncellement d’influences, avec une grosse touche de Dream Theater, tant dans certains passages (comme l’intro de « The Architect » qui ressemble énormément à « Erotomania »), que dans une certaine volonté à faire preuve de technique. En cela, le groupe n’a pas vraiment changé une formule qui lui convient finalement bien. Le grand bouleversement, ce n’est pas pour maintenant; mais on n’est pas dans l’immobilisme non plus : ici, c’est l’évolution dans la continuité.

haken-band

En effet, les compositions se font plus homogènes, moins psychédéliques. Finis les changements abrupts d’atmosphères, même si le groupe nous offre quelques moments de bravoure comme « 1985 » ou « The Architect ». Ce dernier est LE morceau prog de l’album du haut de ces quinze bonnes minutes; mais sa structure est plutôt simple par rapport à ce qu’on est en droit d’attendre d’un epic. Dans son premier tiers, la chanson est construite de manière assez basique, se rapprochant du couplet-refrain des morceaux pop qui passent à la radio. Il s’affranchit ensuite de tout carcan pour nous embarquer enfin dans un dédale de couloirs mélodiques et de murs sonores – on retiendra ici l’intervention remarquable de Einar Solberg de Leprous au chant agressif. « The Architect » est aussi le morceau qui nous gratifie d’un solo de basse, chose assez remarquable tant le style est souvent marqué par une absence d’originalité des lignes de cet instrument qui se contentent de doubler les guitares rythmiques. Cette chanson constitue enfin un tournant dans le déroulé du disque : avant, nous avons eu du Haken classique et après Haken innove un peu.

Ainsi, « Red Giant » dans sa progression et dans son rythme final avec son utilisation des synthés montre une nouvelle facette du groupe. Et c’est tant mieux !  Un autre morceau assez étonnant pour Haken est « Endless Knot » avec ses synthés arpégés et son rythme binaire – enfin, en apparence, car les petits gars de Haken ne peuvent s’empêcher de truffer leurs compositions de mesures asymétriques – mais aussi avec des passages très inspirés par le dubstep. Ces deux chansons, assez courtes pour les canons du genre, sont deux belles notes de fraîcheur qui font un bien fou !

Le groupe emprunte donc une nouvelle voie, peut-être plus orientée radio, tout en gardant son empreinte sonore, car les musiciens d’Haken sont avant tout les rois du pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Mais ici, la technicité et la virtuosité ne sont pas mises en avant pour elles-mêmes, elles servent réellement les chansons. Les refrains sont redoutables d’efficacité malgré des lignes vocales d’une complexité vertigineuse et toutes les parties instrumentales sont à se torturer les méninges.

Au final, Affinity est beaucoup plus cohérent que le précédent album d’Haken. En cela, le groupe a vraiment progressé en matière de composition tout en gardant sa patte reconnaissable entre mille formations de metal prog. Il a aussi su faire preuve de renouvellement et de remise en question en cherchant de nouvelles sonorités et un format de chansons plus ramassé. Bref, 2016 est une excellente cuvée pour Haken !

Guillaume Beauvois

http://www.hakenmusic.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.