Glenn Hughes à La Puce à l’Oreille, le 14 octobre 2015

Glenn Hughes à La Puce à l'Oreille, le 14 octobre 2015
Glenn Hughes

Glenn Hughes en concert à La Puce à L’Oreille, Riom (63), le 14 octobre 2015

Glenn Hughes Color

« Oh, Pinaise ! », comme dirait Homer Simpson :  Glenn Hughes en Auvergne pour la première fois ! Glenn Hughes, celui de Trapeze, Deep Purple, Black Sabbath, Hughes/Thrall, Hughes Turner Project, Phenomena, Black Country Communion, California Breed, Kings Of Chaos… Glenn, cet immense bassiste et chanteur qui a joué avec tout le monde en plus de 40 ans de carrière, qui a surmonté les affres de l’enfer de la cocaïne, et porte le titre non usurpé de « The Voice of Rock » !

Depuis la sortie du Burn de Deep Purple, Mister Hughes est une de mes idoles et je vais enfin le voir sur scène. C’est donc avec empressement que les billets sont commandés, d’autant que le concert a lieu à La Puce à L’Oreille, à Riom (63), salle que je fréquenterai régulièrement désormais. Imaginez : seulement trois dates françaises durant cette tournée, et l’une d’entre elles va se dérouler lors d’une de ces soirées « Rock the Night » dont l’équipe associative de la Puce, menée par Jean Gordolon et l’ami Patrick Bechefer, a le secret.

Nous sommes en semaine et pourtant le concert est annoncé complet. Le premier pour les organisateurs qui ont réussi là un pari insensé que d’autres doivent leur envier. D’ailleurs, nous avons beau être un peu en avance dans les premiers frimas automnaux, ça bouchonne au contrôle à l’entrée de la salle… On arrive à se glisser dans l’arène dont la scène est déjà occupée par le trio de Jared James Nichols, un guitariste-chanteur américain venu du Wisconsin et qui a récemment migré en Californie. Nichols, ce n’est pas de la petite bière. Le géant (je vous jure qu’il est grand !), est annoncé comme le nouveau Stevie Ray Vaughan, adoubé par Joe Bonamassa, et vient défendre son album Old Glory And The Wild Revival (2013), enregistré par Warren Huart (Aerosmith) et produit par Eddie Kramer (j’évite la carte de visite, c’est trop long), ainsi qu’un EP, Highway Man, récemment sorti des presses.

Autant vous dire que c’est de la première partie de grand standing : ça envoie du lourd, Jared est un excellent chanteur et son jeu de guitare regorge de feeling, de technique et de passion. On oscille entre un blues issu du traditionnel (magnifique reprise du « Come On My kitchen » de Robert Johnson), des reprises bien senties (celle du « 30 Days In The Hole » de Humble Pie), et des compositions vraiment bien fichues. Ses comparses, Erik Sandin à la basse et Dennis Holm à la batterie, soutiennent avec entrain un JJN visiblement heureux de jouer, et le public le lui rend bien (ce qui est assez rare pour les premières parties en France). Le set à peine terminé, notre géant se précipite au stand de merchandising où il sera très disponible avec ses musiciens tout au long de la soirée pour photos, dédicaces et discussions. Jared James Nichols, retenez ce nom et précipitez-vous !

Hughes trio Color

Le temps de saluer quelques amis (l’illustrateur d’albums Stan W. Decker, la moitié des musiciens de Lady Fuel…) pendant le changement de matériel sur la scène où se dévoilent peu à peu les frigos Marshall et Orange des légendes attendues… Ah oui, parce qu’en plus de tourner sous son nom seul après les déboires des excellents Black Country Communion et California Breed, Hughes a dégoté deux tueurs pour l’épauler : Pontus Engborg, batteur de 35 ans qui tourne avec lui depuis 2010 lors des tournées solo et qui a joué avec bien des chanteurs d’envergure (Bobby Kimball, Joe Lynn Turner, Steve Augeri, Fergie Fredriksen…), une sorte de Chad Smith (tiens, tiens !) suédois très doué ; et rien moins que Doug Aldrich, le flamboyant guitariste passé entre autres dans Bad Moon Rising, Dio et Whitesnake, excusez du peu !

Et nos trois larrons n’y vont pas par quatre chemins en attaquant le set par le « Stormbringer » de Deep Purple. Pour jouer ça en trio et que ça sonne, il faut envoyer du lourd. Et force est de constater qu’après un petit réglage d’équilibre sur la Voix du Rock, les potards sont illico dans le rouge. Et d’enchaîner avec le  « Orion » issu de Soul Mover, un des albums solo préférés de Glenn. Ca joue fort, ça joue puissant et ça mitraille dans tous les sens. GH est en voix, Pontus martèle et Doug défouraille à la six cordes.

Dès lors, Hughes prend le temps de présenter, en anglais mais assez lentement pour que tout le monde comprenne, le premier titre de Trapeze (imaginez que ça a pratiquement 45 ans !). Le tout non sans rigoler de la première corde de basse qu’il ait jamais cassée sur scène et changé de Fender. Morceau bâti pour un trio, « Way Back To The Bone » est un brûlot à la sauce bluesy que nos trois gars envoient comme des morts de faim. Hughes, dont on oublie souvent quel immense bassiste il est, fait des arabesques pendant qu’Aldrich tisse sa dentelle nerveuse.

Nouvelle présentation pour parler un peu de l’album Hughes/Thrall, enregistré en 1982 (Hughes est alors totalement empêtré dans la coke) et qui est une référence incontournable chez bien des musiciens de hard-rock. Et de nous envoyer un « First Step Of Love » gras à souhait où GH fait la démonstration qu’il n’a rien perdu de sa puissance vocale.

Retour à Deep Purple avec un « Sail Away » groovy sur lequel Glenn en appelle au public pour chanter, ce que celui-ci fait sans rechigner, déjà chauffé à blanc par ce qui a précédé. Et nous voici à un tournant du concert avec le « Good To Be Bad » de Whitesnake, morceau signé Doug Aldrich, ce que souligne de bonne grâce un Hughes visiblement heureux d’être là. On sent Aldrich très impliqué sur ce titre, peut-être un peu plus que sur le reste d’ailleurs (la seule interrogation qui me restera à l’esprit à l’issu du gig)… Surtout qu’il a ensuite droit à une démonstration en solo assez étrange, un peu en montagnes russes, et qui ne restera pas dans les annales à mon goût.

Hughes revient nous expliquer comment Chad Smith l’avait convaincu de reprendre sur scène le « Mistreated » de Deep Purple essentiellement réservé alors à son ami David Coverdale. Cela fonctionne plutôt bien, notamment sur les parties vocales habituelles de Glenn, avec un final que certains n’auront sans doute pas apprécié, le côté soul et lyrique n’étant pas du goût de tous. Certes, Doug n’est pas Ritchie Blackmore, alors il fait du Aldrich et ça sonne.

Doug Aldrich

Retour à la carrière solo de GH avec « Can’t Stop The Flood », extrait de Building The Machine, qui nous ramène vers les ambiances Hughes/Thrall. C’est plombé, burné, dégoulinant à souhait, le public est au tapis et n’a que vaguement le temps de respirer pendant le classique solo de batterie d’un Pontus éclaboussant l’audience de son talent.

On sent la fin du concert approcher et on a envie d’entendre bien des titres quand c’est enfin un morceau de Black Country Communion, « One Last Soul », qui déboule à vitesse grand V. Et le hard-soul de remplir l’espace avec le « Soul Mover » de l’album du même nom. Deux morceaux bien sentis pour finir en trombe un concert époustouflant !

Forcément, le public en redemande. Et bien entendu le trio revient. Glenn remercie encore tout le monde d’être venu, parle de l’échange d’amour entre lui et le public, que ces dons et contre-dons cher à Marcel Mauss, et nous assure qu’il reviendra, dès l’an prochain… Ovations !

L’homme de Cannock nous délivre son message avant le final : « Music is the healer! », dans un monde de plus en plus insupportable, débordant de catastrophes qui inondent les écrans et les ondes, seule la musique peut nous soigner ! Et cela tombe plutôt bien, l’enfant du Black Country en est le messager : « Black Country », justement, de BCC, démarre avec sa terrifiante intro de basse vrombissante. Le titre nous est envoyé comme si nous devions tous mourir à l’issue du concert avant l’extase finale d’un « Burn » incendiaire qui montre bien combien ce titre est la quintessence d’un Deep Purple Mark III qui reste à jamais pour moi la meilleure formule du Pourpre Profond…

Glenn Hughes à La Puce à L’Oreille aura été un instant magique et magnétique, autant par l’énergie musicale et émotionnelle déployée par le trio que par la réussite de la soirée qui montre à l’envi que La Puce est désormais entrée de plain-pied dans le cercle des petites salles de concert qui ont tout d’une grande !

Henri Vaugrand

http://www.glennhughes.com/

http://www.lapucealoreille63.fr

P.S : Merci à André Hébrard et Rock the Night pour l’autorisation d’utiliser leurs images.

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