David Cross Band – Sign Of The Crow

Sign Of The Crow
David Cross Band
2016
Noisy Records

David Cross Band-Sign Of The Crow

Davis Cross, c’est un nom qui résonne fort aux oreilles des amateurs de rock progressif. Le violoniste a quand même accompagné King Crimson de 1972 à 1974 sur deux de leurs plus fabuleux albums : Larks’ Tongues In Aspic, et Starless And Bible Black, disques sur lesquels il jouait également du mellotron et du piano électrique ! Depuis, Cross s’est tourné un peu plus vers le jazz, a multiplié les collaborations (récemment avec les Stick Men ou même Robert Fripp himself !), et a enregistré plusieurs albums sous son nom ou celui du David Cross Band (dont le dernier, Alive In The Underworld, date quand même de 2008). Et c’est sous cette formule qu’il nous revient, entouré d’une équipe stable (les fidèles Mick Paul à la basse, Paul Clark à la guitare, et Alex Hall aux claviers), d’un chanteur dont nous reparlerons (Jinian Wilde), du batteur Craig Blundell (qui est décidément dans beaucoup de bonnes choses ces dernières années : Pendragon, Frost*, Steven Wilson…), sans compter le retour de Richard Palmer-James comme parolier et la présence comme invité au saxophone du grand David Jackson (Van Der Graaf Generator). Avec une telle équipe, me direz-vous, on s’attend à quelque chose d’important, qui marque, qui va compter. Eh bien, je dois vous avouer que l’impression que me laisse ce Sign Of The Crow est mitigée…

Pas de doute, ce nouvel album recèle de titres et de passages tout à fait délicieux. Dans le même temps, et ce n’est pas forcément un défaut, on a la curieuse impression d’écouter un opus qui hésite entre les références appuyées à King Crimson et quelque chose de plus ouvert et de plus moderne. Une bonne partie de cet effet vient notamment de la voix de Jinian Wilde, par exemple tout à fait adaptée sur un titre comme « The Pool » où son chant (parfois proche de celui de David Sylvian) et son vibrato font merveille. Mais l’impression est différente sur « Starfall », sorte d’hybride improbable entre « Starless » (pour le titre), et « Red » pour l’intro. La voix doublé de Wilde sonne plus pop que ce que l’on attendrait sur le titre, mais cela finit par fonctionner grâce à la musique complexe très en avant (avec un groove impressionnant mené par un Craig Blundell que j’aime décidément de plus en plus) et les qualités vocales du chanteur. Cross délivre de belles choses au violon, le final est impressionnant, ça attaque fort. Et l’effet se renforce sur le titre éponyme de l’album développant de longs passages instrumentaux laissant la part belle à la guitare de Paul Clark, ou sur « Crowd Surfing » qui laisse la voix quelque peu en arrière…

David Cross Band

Heureusement arrive « The Pool ». La version « radio edit » présentée ci-dessous ne rend pas tout à fait compte de la majesté de ce titre (passer de 9:07 à 6:42, je ne vois pas bien l’intérêt non plus…), mais quand même. C’est là que la voix de Wilde s’exprime le mieux, certes sur un morceau des plus simples mais de toute beauté, tout en retenue et en émotion, un de ses titres qui vous restent gravés dans la tête à ne plus pouvoir s’en défaire… L’instrumental qui suit, « Raintwist », tire un peu plus vers le jazz-rock fusion sans laisser d’impression mémorable malgré une exécution sans faille. Il en est hélas un peu de même avec « Spiderboy » où les interventions crimsonniennes de Cross et Clark n’arrivent pas à masquer l’inadéquation ressentie entre la composition et la voix de Wilde… « Mumbo Jumbo » voit l’arrivée de l’invité David Jackson et de son saxophone, de même que l’instrumental qui suit, « Water On The Flame », un peu plus intéressant et aérien. L’album se conclut avec « Rain Rain » la pièce la plus longue de l’album, celle ou le hiatus entre l’héritage de David Cross, la tendance metal et la voix de Wilde montre les limites culinaires de ce titre : ici, la sauce ne prend pas…

David Cross a réuni bien des talents pour concocter ce Sign Of The Crow. Si l’association fonctionne à plein rendement sur quelques titres et certains passages, l’osmose ne se dégage pas de l’ensemble des morceaux, peut-être à cause du contre-emploi de certains ou de compositions pas assez à la hauteur. A moins que ce ne soit plutôt, non pas le mari de cette Madame Müller, mais une attente trop forte de ma part envers un artiste qui a œuvré sur quelques-uns de mes albums progressifs préférés, allez savoir ? Restent, à mon sens, le violon de David Cross, le talent aux baguettes de Craig Blundell et les deux titres « Starfall » et « The Pool », ainsi que des fulgurances sur « Sign Of The Crow », mais chacun ira bien entendu se forger sa propre opinion…

Henri Vaugrand

http://crossmusic.co.uk

https://www.facebook.com/david.cross

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