Cult Of Luna & Julie Christmas – Mariner

Mariner
Cult Of Luna & Julie Christmas
2016
Indie Recordings

Cult Of Luna-Mariner

Lever les yeux vers le ciel (facile). Observer la Lune. Cligner des paupières et s’imaginer au-dessus des architectures fétides et grises des mégalopoles. Flotter au milieu d’étoiles, gaz nébuleux et d’amas de comètes. Un voyage stellaire aux abords d’un trou noir, sa relativité distendue, ces paysages incommensurables comme une danse ralentie en équilibre sur un cordon.

Un dialogue peut alors se créer. Deux voix, une harmonie faite de susurrements, de chuchotements, de cris, de déchirements. Des voix éloignées l’une de l’autre, par la distance, peut-être, par le ressenti aussi, leurs accentuations, leurs états… Et si l’une était une émanation liquide dans un océan doué de conscience et de raison, alors que l’autre n’est que le rejet d’une émotion simple et primaire ? Échange dans un maelstrom de particules, d’informations macroscopiques et physiques. Et le voyage, lui, se poursuit. Sûrement infranchissable et imperturbable, on ne peut que se laisser guider dans un pseudo sommeil cryogénique sous l’œil attentif de formes spectralement humaines.

Cult of luna-band

Du décollage épique d’une navette spatiale à la promesse de richesses dans les noirceurs inconnues de l’univers, on ne parle que d’un objet, le nouvel album de Cult Of Luna en collaboration avec la talentueuse Julie Christmas (Made Out Babies). Il faut bien revenir à un moment sur le plancher des vaches égocentriques et des bouses égoïstes. Ceci est un projet purement studio, ne vous attendez pas à une performance live. Un océan  sépare bien la chanteuse américaine du groupe suédois, c’est un fait biologique et cartésien. Mais, c’est bien échange de sensations et d’émotions auquel on assiste. Une existence protéiforme entrelacée entre « duels » vocaux, douceur et folie, lourdeur rythmique et aspiration atmosphérique. Cult Of Luna paraissait mal en point suite aux départs du claviériste et bassiste originels. Si les disciples quittent le navire… où allons-nous ? L’espace, une thématique en vogue en ces moments de troubles socio-économiques.

Regarder le ciel en échange d’une résolution. Une voix féminine toute en nuances hystériques et rassurantes s’interpose pour ballotter le style d’un groupe qui, s’il n’évolue pas nécessairement, se pare d’une nouvelle manière de l’affirmer. Accompagnatrice et tout aussi fer de lance, la musique du groupe se fait, non pas vecteur de sensations par le biais de leur invitée mais épouse communicante ne laissant que le temps d’un morceau (« Approaching Transition ») pour exister de soi-même. Et le duo, en tant qu’entité, de laisser cette symphonie métallique prendre son essor, les rideaux tirés et les lumières diffuses, dans l’attente d’une réponse. Et ce qui n’apparaissait jusque là comme une chimère se transforment au fil des écoutes comme un morceau de bravoure, nécessitant certes un apprivoisement de la bestiole peut-être plus long mais réconfortant. Et peu importe qu’on ne puisse pas vivre cette expérience de visu et que cet album ne restera sans doute pas dans le palmarès discographique du groupe. On s’en fout, le principal se passe dans le son et notre tête.

Jéré Mignon

Coup de Coeur C&Osmall

http://www.cultofluna.com

http://cultofluna.squarespace.com

P.S. : Indie Recordings a bien fait les choses pour le retour du groupe suédois puisque que c’est (outre deux éditions cd) pas moins de quatre versions vinyles qui se bousculent. Une normale et trois colorées (jaune, bleu, violet). C’est inutile, ça ne sert à rien donc forcément indispensable (j’ai craqué pour l’édition violette…)  

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