Conan – Blood Eagle

Blood Eagle
Conan
2014
Napalm Records

Conan – Blood Eagle

Ce jour-là, titubant hors de ma grotte après m’être pris une murge digne d’un gaulois, je suis tombé sur une tête fraîchement arrachée. Quoi de plus drôle quand on se lève – au vu de la mousse et de la rosée sur les arbres, je pencherais vers onze heures du matin le surlendemain – de voir pendouiller comme un jambonneau une tête d’olive ruisselante, surmontée de sa ferraille de casque. Ça faisait un peu trop hippie, et donc ça a charclé sec. Ben, oui, faut pas faire chier Conan quand il rafistole son épée de deux mètres. Il est un peu tatillon le gars. Ah, je ne dis pas, c’est un bon vivant, il gueule comme un goret, les harmonies vocales au placard, et il sait jouer du poignet quand il fait des moulinets. Ce n’est pas que c’est classe, mais y’a pas à chier droit, ça a du style à retourner la meule. Simple, pesant comme une enclume, ça tranche sans trop regarder à la taille des rondelles et ça te fout un rythme de bâtard non reconnu par Electric Wizard. C’est que les enfants illégitimes, ça pullule dans la cascade. Les nuques sont bien musclées, ça te tombe sur le coin du museau sans prévenir, même si tu voyais le coup venir depuis le premier mouvement de tendon. La force tranquille, brute, primaire, le terroir, pas de gants, au mieux on apprécie le son de la lame qui s’affute sur la pierre. Douce stridence, longue jouissance, j’ai encore le goût de l’acier dans la bouche, pourtant, la vache, j’ai une de ces casquettes. Le riff qui tue, lourd, volumineux, un brin occulte. Deux notes et tu te sens pachyderme, le clash des clans, en cadence, la fumée qui te ralentit, le champ de bataille au freinage. Enfin là, c’est pas trop le Stanley Kubrick les grands espaces, les travellings, la durée des plans, les couleurs et tout. Ici, ça fait quand même plus escarmouche pouilleuse d’une dizaine de bovins à barbe raide entre deux tonneaux de bières, grosses giclures d’hémoglobine sur l’écran et quelques haches pesant leur quintal en longue focale. C’est que c’est du costaud ces bestioles ! Ça se bourre le pif, ça te décoche de bonnes pralines à Falbala – parce qu’on ne l’a pas sonnée à venir cueillir des fleurs ici celle-là, non mais sans blague – t’en as bien un ou deux qui terminent avec des membres en moins. Pourtant, c’est qu’il en faut du temps pour lever son engin dans la mêlée. Ce n’est pas très joueur, moyennement fin du houblon. En gros, soit tu suis, soit tu te prends les pains de différents formats et de différentes forces. Simple, comme je disais plus haut, facile comme retrouver une tête à l’entrée de sa grotte alors que le corps subit une brutale attirance vers l’attraction terrestre. Parce que, terminer quasiment en pilier de rugby, ça tient du plaisir. Conan le cimmérien, il m’a appris à gueuler : « il ne peut qu’en rester qu’un !» – sans l’humour involontaire – tout en sachant que le salopard est bien parti pour remporter le Graal du doomster-sludge équarrisseur mignon. L’étalon, le mètre, le master du mois, voire de l’année. De l’impératif, du succulent à la broche, c’te claque au taulier, un de ces albums qui vous rend meilleur à la sortie de cuite. Non, non, je ne dirai pas « par Crom » ! Avoir ses références, c’est bien, mais faut pas trop en étaler quand même !

Jérémy Urbain (8/10)

http://www.hailconan.com/

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