Clint Slate – Before the Dark

Before the Dark
Clint Slate
2015
Autoproduction

Clint Slate-Before the dark

Clint Slate ne s’appelle pas Clint Slate. Clint Slate est le nom que s’est choisi un musicien français qui s’est réinventé en mystère, en page blanche, en présent sans passé, en quête de son futur, en entité discographique non identifiée. Ce n’est pas pour autant que Clint Slate n’a pas de personnalité musicale, bien au contraire. C’est même incroyable la chair d’émotion, de profondeur et de complexité que possède cette créature sans existence réelle. Et pourtant l’album de ce pur esprit est là, solidement charpenté, magnifique jusqu’à l’envoûtement. Et l’écoute répétée de l’album n’aide pas à briser le charme qui nous lie de plus en plus à lui. « Before The Dark » est un vrai chef-d’œuvre, voilà, c’est dit. Mais avant de l’écouter, il faut d’abord le tenir longtemps en main, deviner le visage qui se dissimule dans l’arbre, là, sous vos yeux, sur la pochette. Il faut ensuite feuilleter lentement le livret et détailler une à une les photos de Clint Slate très artistiquement retouchées, recréées même, par le biais de Photoshop. Ces photos sont comme autant de mystères en pleine lumière.

Eh oui, Clint Slate et son « Before The Dark » sont des énigmes qui se savourent avant consommation, qui se méritent par notre goût sacré du secret. C’est alors que la voix de Clint Slate nous envahit, éclate, nous chavire. Comment fait-on pour posséder un tel timbre de voix ? C’est comme si ses harmoniques, ses intonations, ses formants s’étaient chargés depuis une éternité d’une montagne de souffrances sans dates et sans lieux, appartenant juste depuis toujours à l’humanité toute entière, à nos voisins, à nous. C’est peut-être ça la vérité de l’entité Clint Slate, n’être rien ni personne pour mieux être tous, partout. On devine pourtant une forte inclinaison de l’esprit Clint Slate pour les Etats-Unis, et notamment pour ses villes hérissées de gratte-ciel. Que nous raconte exactement cet amour pour les interminables tours vitrées ? Voici un mystère de plus.

Clint Slate-band

Ce qui est sûr, c’est que notre Français chante dans un anglais parfait aux accents écorchés et mêlés de regrets, de peines et de fièvres mal contenues. Qui que soit Clint Slate, il semble avoir déjà vécu mille vies et autant de chagrins et probablement de morts. C’est pour cela que son chant nous touche si intimement. Il est amer, triste, bouleversant. Mais il est aussi traversé de prières, d’attentes et d’espoirs. C’est alors qu’on est peu à peu emporté par la musique, par l’intelligence des compositions, par la force des arrangements. Et l’écoute de l’album se déroule ainsi, comme un fleuve d’émotions dont le lit se fixe en nous, profondément. Et on ne cesse de se demander qui est ce musicien français capable d’une telle « Symphonie Du Nouveau Monde » réinventée sur un mode aussi empreint de spleen ? Nous le saurons peut-être un jour. Ou peut-être pas.

Peu importe au fond. « Before The Dark » est un véritable chef-d’oeuvre, je l’ai déjà dit. C’est la chose importante. Clint Slate peut maintenant replonger dans l’ombre. Pour mieux élaborer un deuxième album ? Nous verrons bien. Savourons déjà ce présent album à la saveur si tragique et si puissante.

Frédéric Gerchambeau

Lancement officiel prévu pour le 1er décembre 2015

http://www.clintslate.com

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