Ceterum – Fathom

Fathom
Ceterum
2011
Autoproduction

Ceterum Fathom

Wow, surprise des surprises, merveille des merveilles, je viens de me taper l’album de Selena Gomez ! Non, mais, les copains, il va falloir cesser de frapper sur les jolies damoiselles quasi-virginales qui font de la pop. Que nous sommes méprisants ! Elles ne font de mal à personne. Mais soyons justes, ce type d’artiste fait de la musique pour faire danser, pour faire saliver le tonton pédophile non-avoué et nourrir la mécanique bien huilée de l’industrie. Qui pourrait leur en vouloir… tout ça est pourtant si pieux!

Eh bien, cet album, le seul et unique disque de l’artiste sorti en carrière, est un chef-d’œuvre, rien de moins. On y trouve une basse d’enfer qui soutient l’édifice à la façon d’une immense poutre d’acier, une batterie en contre-temps, les guitares d’empyrée de Matt McFarlane et Jared Amlin et la voix sublime de Ty Jividen (je vous ai bien eu, je ne parlerai pas de Selena, car j’en ai rien à secouer de Selena, que croyiez-vous ?).

Trêve de cabotinage, je suis tombé sur l’album Fathom par un hasard quelque peu guidé. Je dis quelque peu guidé car, comme vous le savez, je suis à la recherche d’un succédané au groupe Tool qui nous promet un nouvel album depuis 9 ans. Et puis, merde, je suis à bout d’espérer ! L’album ne vient pas, alors je frapperai à d’autres portes pour trouver satisfaction ! J’ai donc pris les choses en main, détestant ne pas avoir le contrôle de la situation, et suis donc parti avec ma pioche, ma dynamite et mes godasses à cap d’acier pour faire prospection. Et, comme bon nombre d’entre vous le savez, je suis tombé sur un filon qui s’est avéré prometteur depuis quelques semaines. Je suis d’abord tombé sur Sumer, Moving Atlas, le groupe polonais Votum puis sur quelques projets solo de Paul D’Amour,  dont Lesser Key et Feersum Ennjin, avant de tomber carrément à la renverse à l’écoute de Ceterum, un groupe originaire de l’Ohio, dont pas âme qui vive n’a entendu parler. Et puis quoi, bordel, on préfère écouter Selena Gomez et sa musique à contenu plutôt que de se livrer à un metal progressif intelligent et entraînant ? Fichtre… je soupire pour la millième fois devant la réalité crasse… (je ne parle pas de vous, chers amis lecteurs, car vous êtes ici dans l’antre des amoureux de la musique progressive et hors-norme, mais il ne faut pas non plus se voiler la face : nous sommes asservis par une industrie de la musique à deux ronds et un public qui semble pourtant en redemander… moi, ça me sidère !).

Ceterum-band

Dans le cas qui nous intéresse, les mots seraient encore futiles et insuffisants pour décrire mon impression vis-à-vis de ce disque d’une rare puissance. Tout y tourne de façon fluide, à la fois berçante et cadencée, menant l’auditeur sur un flot sonore qui fait office de vague sur une mer immense sans horizon. Des chansons telles que « The Architect« , « Imbue Élan Vital«  et « Revealed Arcane« , des airs encore « toolesques«  au possible, nous font voyager. Et en plus de faire planer n’importe quel amateur de metal, la musique de Ceterum stimule la cervelle… c’est une plus-value ! Car chaque piste comporte ses transgressions de rythme et tente de s’approprier l’attention du mélomane. Est-ce qu’au final un instrument y parvient ? Difficile de le dire, car si la basse prend souvent le dessus, la batterie s’y acharne également, usant de rythmes brisés, de subtils crocs-en-jambe et de prouesses techniques certaines. Il est d’ailleurs dommage d’apprendre que la formation est actuellement sans bassiste ni batteur, alors que le batteur Jason Broussard et le bassiste Bill Sanchez (membres fondateurs du groupe en 2001), ont quitté le navire pour se consacrer à d’autres projets tels que Tranzhumanist, Opaque et Archetypes, des projets musicaux pourtant similaires à Ceterum.

Finalement, comme le dit le proverbe chinois : « la boue cache un rubis, mais elle ne le tache pas ». Si le groupe Ceterum est actuellement en pause, voire carrément dissous, cela ne veut pas dire qu’on ne peut jouir de la musique déjà existante. Il serait dommage de passer à côté d’une musique si riche, qu’elle ait un lendemain ou non. Écoutez un ou deux extraits, l’énergie de la formation est plutôt contagieuse. Allez, oubliez Selena Gomez et mon fiel, elle a assez ruiné mon texte comme ça, ne la laissez pas ruiner vos oreilles en plus !

Dann

Note : également disponible, le EP Proportions (2008) dont un des trois titres offerts est un morceau inédit. Il s’agit de la pièce «Ominous».

Chronique parue simultanément chez Clair & Obscur (France) et Daily Rock (Québec)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.