Alien Ken – du bon vieux rock de loubards
Alien Ken : Contact (2014) et Change Is Constant (2016)
Petite balade sur Bandcamp, encore une fois. On cherche du hard rock, pas du metal. On se repose les oreilles un peu, on ne cherche pas de la mitraille, pas de catharsis extrême. Mais on veut quand même quelque chose qui bouge parce que, bah… on est fait comme ça ! Donc, on fouille un peu partout, dans les recoins du web, puis on se lasse. « Rien de bon cette semaine… Et on se dit : tant pis ! ». Mais vient la surprise, la découverte, le cap et la péninsule, comme dirait Cyrano !
Parmi toutes les pochettes numériques qui défilent devant mes yeux d’enfant fascinés par tous ces bonbons musicaux, j’aperçois une image de chat égyptien, un rex cornish, cette race de minets imberbes qui fait se hérisser les poils des autres matous et de bien des gens. C’est la couverture de l’album Contact. Fasciné, je pense a priori être tombé sur du metal un peu trash ou quelque peu obscur. Pourtant, dans le moteur de recherche de Bandcamp, j’avais bien sélectionné « hard rock ». Je clique, j’écoute un morceau. Oui, c’est bel et bien du hard rock, et pas qu’un peu. Ça déménage, ça vous bourre les oreilles bien comme il faut.
Cette musique est gorgée de testostérone et branchée sur le voltage industriel. Écoutez le solo de « Glitter Rambo » et vous comprendrez bien vite de quoi il en retourne. Comme Whores dont je vous ai entretenu plus tôt, à la fin de l’automne 2016, Alien Ken ne se prend pas au sérieux et se fait un point d’honneur à éructer son chant rauque et charbonneux dans vos oreilles vierges tout en bousillant ce qui vous reste de tympan. De la bien bonne crasse, que tout ça !
Par contre, si j’aime bien l’album Contact et son énigmatique photo de chat sans poil, force m’est d’admettre que Change Is Constant m’a davantage rejoint, car celui-ci frappe plus fort dans les tripes. Avec une certaine ressemblance manifeste avec le Guns ‘n Roses et l’Aerosmith de ma prime adolescence, le rock d’Alien Ken donne le goût de danser, sauter sur place et se prendre pour un slinky. On reconnaît dans le plus récent album quelques airs dans le style Black Stone Cherry, Airbourne et consort dans certaines pistes telles que « Veni, Vidi, Vici », « Pasient Of A Pasient » et « Change Is Constant » (dont le chant pourrait facilement être remplacé par celui de Scott Weiland pour donner un parfum Velvet Revolver à l’ensemble). Mais ce côté radiophonique n’est pourtant pas ce qui prédomine chez le quatuor norvégien. Si c’était le cas, j’aurais apprécié, mais je n’en aurais pas fait une chronique. Cet aspect de leur musique ne m’aurait pas tellement impressionné (on en entend régulièrement dans le genre).
Or, l’aspect lourd et déjanté de leur musique prend davantage le dessus, dans le cas de titres tels que « Third » et « Masters Of Clocks ». À mon avis, ceux-ci révèlent la nature alpha de leurs compositeurs. C’est au cœur de ces morceaux précis que se profilent l’essence fondamentale du groupe et sa signature. Et c’est de ce côté-ci que je me range irrémédiablement. C’est intense et typiquement trash comme son. Et chez moi, on aime ça, on en mange !!!
Avec ses guitares puissantes et adéquatement mises en avant, avec une basse solide et une batterie très rythmée qui dirige le tout avec équilibre, cette musique a de quoi réjouir tout amateur de rock tout en étant potentiellement intéressante pour le fan de noise-rock et de grunge. Car à mon point de vue le hard rock d’Alien Ken est à la limite de ces deux genres. Un bon compromis donc…
Des chansons comme « Wrath Of Noro » et « Cleanse My Claws » pourraient aussi bien figurer dans un épisode de Sons Of Anarchy que jouer dans les enceintes d’un bar du Midwest américain (j’ai d’ailleurs de la difficulté à croire que cette musique provienne de Norvège tant elle me semble américaine). On sent l’ambiance de la scène grillagée par de la broche à poulailler pour éviter de recevoir des tessons de bouteille en pleine gueule, les gros barbus affublés de manteaux de cuir et de bandanas sur la tête affalés à une table de bar de quartier. Oui… je sais, je suis un romantique trash (c’est mon côté Bukowski théorique, même si je suis plutôt propre de ma personne et de mon mode de vie).
« Two thumbs up » pour Alien Ken, donc !
Dann ‘the djentle giant’